Royaume-Uni: Keir Starmer promet aux travaillistes le «retour aux affaires»
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À Brighton, dans le sud de l'Angleterre, le Congrès annuel du Labour s'est terminé ce mercredi sur un discours de son chef, Keir Starmer.
En raison de la pandémie, c'était la première fois que Keir Starmer, élu l'année dernière, s'adressait en personne aux militants, rapporte notre envoyée spéciale à Brighton, Claire Digiacomi. Pendant plus d'une heure, le chef de l'opposition a d'abord voulu dire qui il est, lui que certains, au sein même de son parti, trouvent trop effacé, pas assez affirmé. Il a raconté son parcours, construit autour de ses deux piliers, « le travail » – il était avocat – et « la famille », sa mère infirmière et son père fabricant d’outils.
Keir Starmer a aussi dévoilé quelques propositions : le recrutement de milliers d'enseignants, un meilleur accès aux soins psychologiques. Des annonces en réponse à une autre critique qui lui est faite, celle de ne pas être assez clair sur ses ambitions. Avec lui, les travaillistes seront « de retour aux affaires », a-t-il promis, sur le climat, l’emploi, mais aussi l’économie, car une « bonne société » est compatible avec une « économie forte », dit-il.
L'enjeu de ce discours était de tester la capacité du leader à tirer profit des déboires du Premier ministre Boris Johnson. Keir Starmer n'a donc pas hésité à taper sur le gouvernement, « perdu dans les bois », selon lui, en pleine pénurie d'essence. Il a accusé Boris Johnson d'être « un illusionniste » qui, maintenant que le Brexit a été réalisé, n'a plus aucun tour en poche, a-t-il accusé. Or, « cette période demande un leader responsable avec des valeurs claires », a-t-il dit.
Interrompu à plusieurs reprises par des spectateurs travaillistes en colère, le chef du Labour ne s'est pas étendu sur les divisions au sein de son parti. Ce qui importe pour lui, avant l'unité, c'est que son camp accède au pouvoir aux prochaines élections en 2024. « Jamais, sous ma direction, nous ne nous présenterons à une élection avec un programme qui ne constitue pas un projet sérieux de gouvernement », a-t-il déclaré, évoquant ainsi, à demi-mots, la débâcle des législatives de 2019.
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Keir Starmer s'est engagé à « réparer » les alliances internationales. Il a tenu également à affirmer son attachement à l'Otan.
Les militants partagés sur le discours de Starmer
À la sortie de la grande salle de conférence, Uditha semble désabusé. Ce militant de l'aile gauche du parti est déçu de la teneur des discussions qui ont dominé ce Congrès. Trop de politique politicienne selon lui, pas assez de propositions concrètes. Il est frustré par le premier grand discours de Keir Starmer en tant que chef du Labour.
« Nous avons manqué une occasion, estime-t-il. C'était la première fois qu'il se présentait devant le public britannique et qu'il pouvait dire : "voilà qui je suis." Mais ce discours était interminable. Et il aurait pu être beaucoup plus tranchant sur ce qui nous différencie des conservateurs. »
Keir Starmer n'a donc pas fini d'essayer d'unir son mouvement dont une frange regrette toujours son ancien chef, Jeremy Corbyn. Mais ses positions plus modérées, de centre droit, ont convaincu la majorité de son public, comme Aurélia. Elle a surtout apprécié que le leader, à qui on reproche d'être trop effacé, évoque son parcours personnel. « Je pense que je le connais mieux maintenant, dit-elle. Par exemple, je savais qu'il avait été procureur général, mais c'était intéressant d'entendre ce qu'il avait fait à ce poste et en quoi ça l'a préparé à cela. »
Ce discours permettra-t-il au leader travailliste de rebondir dans les sondages ? Il n'a pour l'instant pas profité des déboires actuels de Boris Johnson, empêtré notamment dans la crise du carburant.
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