Ukraine: fermeture brutale du «Kyiv Post», l’un des plus anciens journaux du pays

En Ukraine, le secteur des médias connaît une onde de choc depuis l'annonce, lundi 8 novembre, de la fermeture du Kyiv Post, l'un des plus anciens journaux du pays, créé en 1995 et la seule publication à dimension internationale sur le pays.

Le siège de l'hebdomadaire «Kyiv Post».
Le siège de l'hebdomadaire «Kyiv Post». © https://twitter.com/KyivPost
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Avec notre correspondant à Kiev, Stéphane Siohan

Le Kyiv Post est un hebdomadaire anglophone, un média à la tonalité farouchement pro-ukrainienne, libérale, démocrate et pro-occidentale. Seulement, le Kyiv Post n'a jamais hésité à critiquer les pouvoirs en place, une indépendance éditoriale que le propriétaire du Kyiv Post semble peu goûter, puisqu'il a congédié lundi toute sa rédaction.

Le Kyiv Post, c'est 10 000 exemplaires à l'écrit, ainsi qu'une audience en ligne de 10 millions de pages vues, dont 75% en Europe et en Amérique. C'est la « voix globale de l'Ukraine en anglais », peut-on lire sur la manchette et c'est surtout le journal influent que lisent tous les diplomates, les hommes d'affaires et les étrangers installés en Ukraine. 

Le rédacteur en chef historique, Brian Bonner, a instauré une ligne éditoriale pro-occidentale, pro-Maidan en 2014, mais toujours en défendant l'indépendance de sa rédaction, grâce à des enquêtes et à des révélations.

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Un média longtemps dans le viseur des oligarques et des présidents

Forcément, les oligarques et les présidents ont tous rêvé de se débarrasser du Kyiv Post et de son journalisme exigeant. Mais la rédaction a toujours tenu bon, jusqu'à ce lundi, quand son propriétaire, Adnan Kivan, un homme d'affaires ukrainien d'origine syrienne, ayant fait fortune à Odessa dans la construction, a licencié sans préavis les cinquante journalistes de la rédaction, sous prétexte d’une restructuration.

Selon une source interne, cet homme d'affaires ambitieux rêve de se construire un empire médiatique digne des oligarques. De nombreux journalistes voient aussi dans cette affaire l'ombre de l'entourage de Volodymyr Zelensky, un président qui supporte de moins en moins les critiques de la presse et dont l'équipe a commencé à s'en prendre aux médias indépendants ainsi qu'à la télévision publique.   

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