Bulgarie: les électeurs retournent aux urnes, en pleine flambée de Covid-19

Les Bulgares sont appelés aux urnes ce dimanche 14 novembre pour le premier tour de l’élection présidentielle et pour des élections législatives. Les troisièmes en sept mois. 

La Bulgarie vote pour la troisième fois en sept mois, alors qu'elle est frappée par une nouvelle vague de Covid-19 particulièrement violente.
La Bulgarie vote pour la troisième fois en sept mois, alors qu'elle est frappée par une nouvelle vague de Covid-19 particulièrement violente. AP - Giannis Papanikos
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Les deux précédents scrutins, en avril puis juillet 2021, n'avaient pas permis de former une coalition. Les Bulgares retournent donc aux urnes pour la troisième fois en sept mois, alors que le pays est frappé de plein fouet par une quatrième vague de Covid-19. Le nombre de malades approche 1 000 cas sur 100 000 habitants, tandis que seulement 22% de la population est vaccinée. Le pays est celui qui déplore le plus grand nombre de décès au monde par rapport à la population après le Pérou,

Si les débats de la campagne électorale se sont surtout concentrés sur la question de la corruption, les politiques n'ont pas hésité à s'accuser mutuellement de mal gérer la crise sanitaire. « J'ai entendu le président dire que notre gouvernement était coupable d'avoir arrêté les vaccins AstraZeneca. Mais tous les pays européens les ont interdits. J'ai alors fait un tour de l'Europe et j'ai ramené 3 millions de vaccins. Et aujourd'hui, qu'est-ce qu'on fait ? On vaccine la population avec des vaccins périmés », a ainsi accusé l'ancien Premier ministre Boïko Borissov, au pouvoir pendant plus d'une décennie.

Borissov n'est pas le seul à critiquer le gouvernement par intérim, constate notre correspondant à Sofia, Damian Vodenicharov. Après l'introduction du passe sanitaire en octobre, la gauche comme l'extrême droite se sont vite rangées du côté des 78% d'électeurs non-vaccinés. « Le ministre de la Santé a mis le pays à feu et à sang en 24h. Il a annoncé le passe sanitaire dans la soirée et tout le monde devait s'y faire dès le lendemain matin, a dénoncé la présidente du PS, Kornélia Ninova. Je me suis rendue dans un hôpital, et j'ai vu les médecins rester dehors parce qu'ils n'avaient pas de passe et les patients à l'intérieur sans médecins. »

Un scrutin ouvert

Si le parti conservateur de l'ancien Premier ministre Boïko Borissov, 62 ans, devrait se placer en tête de ces élections législatives avec quelque 24% des voix selon les sondages, il pourra difficilement gouverner faute de partenaire. Le champ reste donc ouvert pour les autres formations, en particulier pour deux nouveaux venus dans ces législatives : Kiril Petkov et Assen Vassilev, entrepreneurs quadragénaires diplômés d'Harvard.

Populaires ministres du gouvernement intérimaire, ils ont décidé de fonder leur propre mouvement, Continuons le changement, bousculant la course. Leur devise : « zéro corruption ». Les estimations les placent au coude-à-coude avec les socialistes, avec 16% des suffrages. Les deux hommes se sont dits prêts à négocier avec les autres partis pour former une coalition et mettre fin à cette crise politique inédite depuis la fin du régime communiste.

Échouer à former une coalition reviendrait à un suicide politique, avertit Anna Krasteva, professeure de sociologie politique à la Nouvelle Université bulgare. « Les Bulgares réclament un changement et attendent des partis qu'ils forment une coalition pour pouvoir gouverner », analyse-t-elle. « Si le vide politique se poursuit, ce sont les parties extrémistes qui viendront le combler ».

Le président aussi

Parallèlement aux législatives, les Bulgares élisent aussi dimanche leur président. Roumen Radev, candidat à sa succession, apparaît favori même s'il lui faudra sans doute attendre le second tour prévu le 21 novembre pour s'imposer face au candidat du Gerb, le recteur de l'université de Sofia, Anastas Gerdjikov.

Novice en politique quand il s'est imposé en 2016 avec le soutien des socialistes, cet ancien pilote de chasse et chef des forces armées a su séduire par sa vive critique des pratiques de corruption. Le poing levé, M. Radev avait, à l'été 2020, pris le parti des manifestants anti-Borissov, et sa victoire favoriserait la formation d'un large front contre le Premier ministre déchu. Mais si un tel gouvernement émerge, des analystes lui prédisent une courte vie, du fait des fortes positions locales de Gerb et des divergences entre les « partis du changement ».

(avec AFP)

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