Tir de missile antisatellite: la Russie se veut rassurante

Pour l’agence spatiale russe, tout fonctionne bien à bord de la Station spatiale internationale (ISS).
Pour l’agence spatiale russe, tout fonctionne bien à bord de la Station spatiale internationale (ISS). - NASA/AFP/File

Après le tir de missile russe dans l'espace, une avalanche de réactions outrées s'est abattue sur la Russie. Venues du camp occidental, ces critiques pointent « l'irresponsabilité » de Moscou, qui aurait mis en danger l’équipage de la Station spatiale internationale. Mais la Russie assume ce tir et rejette des critiques qu'elle qualifie d'infondées et d'hypocrites, plusieurs pays dont les États-Unis ayant déjà procédé par le passé à ce gendre de tir.

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Un test couronné de succès : c'est ainsi que la Russie qualifie le tir de missile qui suscite la fureur des pays occidentaux. Certes, Moscou a reconnu, ce mardi 16 novembre, avoir effectué ce tir d'essai contre un vieux satellite soviétique en orbite, confirmant les accusations de Washington. Mais de soutenir que cela ne pose aucun risque pour l'ISS, ni aujourd’hui ni à l'avenir. Le ministère de la Défense ajoute que Washington le « sait pertinemment » et dénonce l'hypocrisie du camp occidental.

« L'équipage de l'ISS travaille conformément au plan de vol. Les paramètres orbitaux sont dans la zone dite verte. Le reste des questions ne relève pas de Roscosmos ». C’est même ainsi que l’agence spatiale russe a réagi après que le département d’État américain a accusé la Russie d’avoir procédé à un essai d’arme antisatellite qui aurait généré plus de 1 500 nouveaux débris spatiaux, rapporte notre correspondant à Moscou, Jean-Didier Revoin. Des débris potentiellement dangereux pour la Station spatiale internationale, mais aussi pour un grand nombre de satellites.

« Déclarer que la Fédération de Russie crée des risques pour l'exploitation à des fins civiles de l'espace est pour le moins hypocrite. Il n'y a aucun fait en ce sens », a déclaré le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov.

Après le tir présumé, les sept occupants de la Station spatiale internationale ont été contraints de se réfugier temporairement dans leur vaisseau afin de se préparer à une évacuation d’urgence potentielle. Cet incident relance la question de la militarisation de l’espace, qui pourrait transformer le cosmos en véritable champ de bataille pour les grandes puissances.

► À lire aussi : Les États-Unis condamnent un « dangereux » tir de missile antisatellite par la Russie

Jusqu’à présent, Moscou disait lutter contre toute tentative de militarisation de l’espace. Cependant, la fureur des pays occidentaux doublée du dédain manifesté par Moscou, témoignent d’une tension accrue dans un domaine, le domaine spatial, qui est pourtant l’un des derniers où fonctionne encore la coopération issue de la fin de la guerre froide.

Le chef de l'Otan, Jens Stoltenberg, a dénoncé, mardi à Bruxelles, comme « un acte irresponsable » la destruction de ce satellite. La ministre française des Armées, Florence Parly, a dénoncé de son côté sur Twitter les « saccageurs de l'espace ». « L'espace est un bien commun [...]. Les saccageurs de l'espace ont une responsabilité accablante en générant des débris qui polluent et mettent nos astronautes et satellites en danger », a-t-elle écrit.

Que sont les ASAT, les missiles antisatellites ?

Dans le jargon, on appelle les missiles antisatellites les ASAT, pour antisatellite. En l'occurrence, lundi 15 novembre, la Russie en a lancé depuis le cosmodrome de Plesetsk et a visé un vieux satellite soviétique inactif depuis des décennies : Kosmos-1408.

Il s'agissait d'un tir de test pour valider cette technologie, car cela fait plusieurs années en réalité que la Russie développe ce programme : le système Noudol. On perçoit l'intérêt militaire évident : être capable de détruire des satellites depuis le sol est un atout majeur tant ces derniers occupent désormais une place prépondérante dans toute armée moderne.

La Russie n'est pas la seule à disposer de missiles ASAT. L'Inde avait procédé à un test similaire il y a deux ans, tout aussi critiqué, car tout aussi générateur de débris spatiaux. La Chine possède également cette technologie, tout comme les États-Unis. Il est d'ailleurs un peu cocasse de voir Washington critiquer vertement ce lancement russe alors que l'armée américaine avait fait la même chose en 2008.

Ces tests de missiles antisatellites sont toujours très mal perçus par la communauté internationale, mais aucune règle, aucune convention ne les interdit. Nul doute que l’événement de ce lundi relancera les discussions sur le sujet.

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