Pédophilie: coup de pression face au déni de la Conférence épiscopale espagnole
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Sur le terrain de la pédophilie, l'Église espagnole se distingue par son refus de suivre l'exemple des Églises qui ont accepté les investigations sur l'ampleur du fléau (France, Allemagne, Portugal, États-Unis, etc.). La Conférence épiscopale refuse ici de reconnaître le phénomène, d'enquêter, et n'accepte que des plaintes au cas par cas. Or, le feu de la rébellion a commencé : un groupe de prélats a dénoncé cette omerta. Ils font officiellement pression pour en finir avec ce tabou.
Avec notre correspondant à Madrid, François Musseau
Faire une analyse d'experts indépendants afin d'enquêter et de savoir quelle a été et quelle est l'ampleur de la pédocriminalité au sein de l'Église d'Espagne : c'est l'exigence de huit évêques exaspérés par le silence de l'épiscopat.
D'autant plus exaspérés après un récent rapport en France faisant état de 300 000 victimes. Ici, les autorités ecclésiastiques refusent qu'on s'y intéresse, affirment que les cas sont rares sans apporter de précisions, et incitent les 70 évêchés à ne pas collaborer dans cette direction.
À en croire le quotidien El Pais, qui mène depuis des années sa propre enquête sur ce fléau, la raison de cette omerta serait une question d'argent ; l'épiscopat espagnol aurait peur de devoir verser des sommes astronomiques.
Selon le même journal, l'Église aurait déjà indemnisé en secret 173 victimes, pour un total de deux millions d'euros. À titre de comparaison, l'Église allemande a déboursé 45 millions d’euros.
Il n'est pas sûr que le silence de l'épiscopat espagnol puisse durer éternellement. Outre les pressions des huit évêques, les pressions augmenteraient aussi en provenance du Vatican.
► À relire : Pédophilie dans l'Église, un rapport va lever le voile sur l'ampleur des abus sexuels en France
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