Crise migratoire: la Lituanie inquiète après les appels de Merkel à Loukachenko
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Pour résoudre la crise des migrants massés par milliers à la frontière entre la Pologne et la Biélorussie, la chancelière allemande a téléphoné deux fois à Alexandre Loukachenko cette semaine. Inquiétant pour la Lituanie qui considère que l’Union européenne doit parler d’une seule et même voix pour trouver une issue à cette crise.
Avec notre correspondante à Vilnius, Marielle Vitureau et notre correspondant à Bruxelles, Pierre Bénazet
L’agitation règne à Vilnius. En début de semaine, les ministres de l’Union européenne s’étaient mis d’accord pour de nouvelles sanctions contre le régime d’Alexandre Loukachenko.
Mais les entretiens que la chancelière allemande a eus avec le président Loukachenko ont changé la donne pour Gabrielius Landsbergis, le chef de la diplomatie lituanienne. Il en veut pour preuve que certains pays demandent désormais que la compagnie aérienne Belavia ne soit plus visée par les sanctions. « De facto, dit-il, les négociations ont déjà commencé. C’est une voie dangereuse. On sait bien que les dictateurs n’ont aucune considération pour la loi. »
Les récents propos de Josep Borrell, chef de la diplomatie européenne, pointant dans cette crise le « fort soutien » de la Russie à la Biélorussie nourrissent également l'inquiétude des Baltes ou des Polonais traditionnellement hostiles à toute concession faite à Moscou et Minsk, vus comme les successeurs de l’URSS.
Vilnius tient à son indépendance
Berlin s'est dépêché de contredire les affirmations biélorusses sur l’existence de négociations et souligne que l’Allemagne ne reconnaissait pas la légitimité d’Alexandre Loukachenko.
Le président et la Première ministre se sont entretenus avec la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen. « L’Union européenne doit être unie », ont-ils répété. Ce à quoi la Commission européenne répond qu'il s'agit de discussions techniques...
« Peu importe l’objectif de la chancelière allemande, Loukachenko s’en sert pour sa propre propagande, affirme Arvydas Anusauskas le ministre lituanien de la Défense. Et malgré ses gesticulations, la situation à la frontière lituanienne avec les nombreux migrants n’a pas changé. » Par le passé, la Lituanie a perdu son indépendance suite à des décisions prises sans son accord. Elle ne veut plus aujourd’hui que la situation se répète.
Selon des diplomates européens à Bruxelles, le travail véritable de gestion de la crise dans ses aspects humanitaire, sécuritaire et diplomatique continue à se faire au niveau des 27 sans heurts ni désaccords notoires. Selon eux, ces dénonciations des discussions avec la Biélorussie servent exclusivement à brosser l’opinion nationale dans le sens du poil…
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