Turquie: le chef du CHP promet de reconnaître les torts causés par son parti dans le passé

Le chef du principal parti d'opposition turc Kemal Kiliçdaroglu lors d'une visite au mausolée de Mustafa Kemal Ataturk à Ankara le 19 mai 2020.
Le chef du principal parti d'opposition turc Kemal Kiliçdaroglu lors d'une visite au mausolée de Mustafa Kemal Ataturk à Ankara le 19 mai 2020. © AP Photo

En Turquie, l’opposition avance ses pions en prévision des élections de juin 2023, qui s’annoncent comme les plus risquées pour le président Recep Tayyip Erdogan, au pouvoir depuis 19 ans. Le chef du principal parti d’opposition, le Parti républicain du peuple ou CHP, a créé la surprise en promettant de reconnaître les torts causés par son parti dans le passé. Une stratégie à l’opposé de celle du président en exercice, aussitôt saluée par les défenseurs des droits de l’homme. 

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Avec notre correspondante à Istanbul, Anne Andlauer

Helallesmek, en turc, c’est l’idée de solder les comptes du passé, faire amende honorable, demander pardon, souvent dans une démarche à connotation religieuse.

En brandissant ce mot, Kemal Kiliçdaroglu, le chef du CHP, propose d’affronter ce qu’il appelle « les erreurs passées » de son parti, né en même temps que la République en 1923. À un peu plus d’un an et demi des élections, l’opposition turque affine donc sa stratégie : prôner l’apaisement, la réconciliation, là où le président Erdogan mise sur les tensions, la polarisation.

Une démarche « positive »

Sebla Arcan, responsable de l’Association des droits de l’homme, salue la démarche. « Je trouve ça important venant d’un parti qui a été au pouvoir, parce que c’est une façon de reconnaître que l’État a commis des crimes contre ses citoyens, explique-t-elle. Or, l’État en Turquie a toujours nié ses crimes – et c’est encore le cas aujourd’hui. Donc c’est une démarche positive et j’espère qu’elle sera suivie d’effets. »

Le chef du CHP promet notamment de rencontrer des minorités religieuses réprimées au XXe siècle, des victimes des putschs militaires ou encore des femmes privées d’études à cause de leur voile. Recep Tayyip Erdogan, dont le parti a levé l’interdit du foulard à l’université et dans la fonction publique, suggère régulièrement que cet interdit reviendra s’il perd le pouvoir.

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