L'Ukraine s'inquiète des mouvements de troupes à la frontière avec la Russie

Une rhétorique « très dangereuse » de Moscou, qui pourrait mener à la guerre : c'est ce que dénonce le président ukrainien. Volodymyr Zelensky s'inquiète des mouvements de troupe à la frontière avec la Russie. Cette dernière chercherait, selon lui, un « prétexte » pour déclencher une intervention militaire contre son pays.

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky tient une conférence de presse à Kiev le 26 novembre 2021.
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky tient une conférence de presse à Kiev le 26 novembre 2021. AFP - HANDOUT
Publicité

Les autorités ukrainiennes estiment à plus de 90 000 le nombre de soldats russes massés près de la frontière, et s’inquiètent désormais d’une offensive qui pourrait avoir lieu fin janvier ou début février, explique notre confrère Daniel Vallot, du service international de RFI.

Au cours d’une conférence de presse donnée ce vendredi 26 novembre, le président ukrainien a dénoncé « une rhétorique très dangereuse » de la Russie, estimant que c’était le « signal d’une possible escalade militaire ». Aux yeux de Kiev, Moscou cherche un prétexte pour mener cette intervention en Ukraine.

De leur côté, les autorités russes démentent catégoriquement toute velléité d’intervention militaire et accusent au contraire l’Ukraine et ses alliés occidentaux d’avoir été à l’origine des tensions actuelles, en menant des manœuvres militaires près des frontières russes.

La tension, qui est montée d’un cran ces dernières semaines entre les deux pays, rappelle la brusque poussée de fièvre du printemps dernier, lorsque la Russie avait soudainement massé plusieurs dizaines de milliers d’hommes à la frontière avec l’Ukraine. Moscou avait finalement retiré ses troupes.

Au cours de sa conférence de presse, Volodymyr Zelensky a déclaré avoir reçu des garanties de ses alliés occidentaux, affirmant « qu’ils seraient de notre côté, qu’ils nous soutiendraient quoi qu’il arrive ». 

Mise en garde de l'Otan

De fait, le secrétaire général de l’Otan a mis en garde ce vendredi la Russie contre « les conséquences » et « le prix à payer si elle a recours à la force contre l’Ukraine » avec « les forces prêtes au combat » acheminées aux frontières de ce pays. 

« La Russie a pour la deuxième fois cette année concentré des équipements lourds, des chars et des troupes prêtes au combat aux frontières de l'Ukraine (...) Il doit être clair que si la Russie utilise la force contre l’Ukraine, cela aura des coûts qui auront des conséquences. C'est pourquoi nous continuons à appeler la Russie à éviter l'escalade », a-t-il déclaré au cours d'une conférence de presse au siège de l'Alliance.

Vendredi, le président américain Joe Biden a dit qu'il s'entretiendrait « très probablement » avec ses homologues russe et ukrainien pour tenter d'apaiser les tensions prochainement. M. Biden s'est dit « préoccupé » par la situation, réaffirmant au passage son soutien à « l'intégrité territoriale » de l'Ukraine.

Le Kremlin gère son propre agenda

Quand le président ukrainien demande au président russe de démentir la planification d'une invasion à grande échelle, silence radio à Moscou. Ce vendredi, constate notre correspondante Anissa El Jabri, le Kremlin a communiqué au sujet du prochain voyage en Inde de Vladimir Poutine, un rare déplacement à l'étranger pour le président russe dans le contexte actuel.

Vladimir Poutine s'est aussi, ostensiblement, occupé du Caucase. Il n'avait pas réussi à réunir les pays de la région pour un sommet virtuel il y a deux semaines. C'est à Sotchi qu'il a reçu le Premier ministre arménien et le président azerbaïdjanais. Les agences russes ont même diffusé cette photo : Ilham Aliev et Nikol Pachinian assis d'un côté d'une table, le président russe en face, comme s'ils avaient été convoqués.

Délimitation des frontières, restauration des liaisons de transport... Pas d'annonce concrète après cette rencontre. Mais cela ne devrait plus tarder, en tout cas Vladimir Poutine en est sûr. Et tant pis, si un an après l'accord de fin de la guerre entre Bakou et Erevan, la concrétisation des engagements n'est toujours pas là.

Quant à l'Ukraine, le sujet sera débattu la semaine prochaine à la réunion annuelle des ministres de l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), en présence des chefs de diplomatie russe et américain, Sergueï Lavrov et Antony Blinken, réunis dans ce format pour la première fois depuis 2017.

NewsletterRecevez toute l'actualité internationale directement dans votre boite mail

Suivez toute l'actualité internationale en téléchargeant l'application RFI