Reportage

Turquie: manifestation féministe à Istanbul pour lutter contre les violences

Une femme brandit une fusée de détresse lors d'une manifestation marquant la Journée internationale pour la fin de la violence à l'égard des femmes à Istanbul, en Turquie, jeudi 25 novembre 2021. La police a lancé jeudi des gaz lacrymogènes pour disperser la manifestation.
Une femme brandit une fusée de détresse lors d'une manifestation marquant la Journée internationale pour la fin de la violence à l'égard des femmes à Istanbul, en Turquie, jeudi 25 novembre 2021. La police a lancé jeudi des gaz lacrymogènes pour disperser la manifestation. © AP Photo/Kemal Aslan

Hier jeudi, c'était la Journée internationale pour l'élimination de la violence à l'égard des femmes. En Turquie, pour les féministes qui ont manifesté à travers le pays, cette journée avait une importance particulière : désormais, la Turquie n’est plus membre de la convention d’Istanbul, traité du Conseil de l’Europe qui contraint les États à protéger les femmes. Reportage au cœur de la manifestation.

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Avec notre correspondante à Istanbul, Anne Andlauer

La Turquie s’est retirée le 1er juillet dernier de la convention d’Istanbul, sur décision du président Recep Tayyip Erdogan. Pour beaucoup de manifestant(e)s au cœur du cortège à Istanbul, cette décision reste un coup dur et une grande source d’inquiétudes.

Rojin, la vingtaine, est entièrement vêtue de mauve. Jusqu’à son masque, sur lequel on lit : « La convention d’Istanbul fait vivre. » Elle dénonce : « Le retrait a enhardi les meurtriers ! L’État, la justice les encouragent. Nous, les femmes, nous sommes sans protection. Hier encore, un homme a agressé une femme avec un couteau dans le métro... »

Les féminicides sont politiques

« Les féminicides sont politiques », crie la foule dénonçant les 251 féminicides commis depuis le début de l’année selon le gouvernement turc. Des dizaines de plus, selon les décomptes d’ONG. Melahat, une autre manifestante insiste : « Bien sûr que les féminicides sont politiques ! Les lois ne font rien contre les juges qui donnent raison aux agresseurs, qui demandent aux victimes “que portais-tu ce jour là ? Ah, du rouge !...” comme si c’était une excuse. »

Eniz, qui se définit comme non-binaire, dit aussi se sentir de moins en moins en sécurité. Les autorités turques ont justifié le retrait de la Convention d’Istanbul en prétendant qu’elle encourageait l’homosexualité : « J’ai subi des violences un nombre incalculable de fois, partout dans l’espace public. En manifestant, je dénonce ces violences, et je montre que je ne suis coupable de rien. Et que je ne suis pas seul.e. »

Des associations féministes appellent à manifester à nouveau samedi 27 novembre.

À écouter aussi : Les droits des femmes mis à mal en Turquie

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