Covid-19 : les premiers cas du variant Omicron se multiplient en Europe
Les suspicions de premiers cas positifs au nouveau variant du coronavirus, Omicron, se sont multipliés samedi 27 novembre en Europe et ailleurs dans le monde. L'inquiétude pousse à des restrictions, notamment sur les voyages, ciblant principalement l'Afrique australe. Mais plus uniquement elle.
Publié le :
Dans le nord de l'Europe, c'est le gouvernement du Danemark, qui soupçonne fortement la présence sur son sol du nouveau variant Omicron du coronavirus SARS-CoV-2, dans le sillage de la Belgique qui a confirmé un cas.
En Europe centrale, c'est l'hôpital régional de Liberec, dans le nord de la République tchèque, qui annonce l'authentification, à confirmer là aussi, de la souche de ce nouveau variant jugé préoccupant par l'OMS.
La journée de samedi, comme celle de la veille, aura été rythmée au fil de ce type d'annonces. Toujours sur le Vieux Continent, selon les autorités sanitaires néerlandaises, le variant Omicron concerne « probablement » certains des 61 passagers testés positifs aux Pays-Bas, en provenance d'Afrique du Sud.
► À lire aussi : Le variant Omicron fait souffler un vent de panique
Et les États – européens, mais pas uniquement – d'annoncer les uns après les autres de nouvelles restrictions sur les voyages, ciblant principalement l'Afrique australe, entre autres « freins d'urgence ».
L'annonce de la découverte d'un nouveau variant de Covid-19 a affolé les marchés financiers, vendredi : la plus forte chute de l'année pour le Dow Jones par exemple ; la bourse de Paris a chuté de 4,75%, pire séance depuis mars 2020, au moment de l'instauration du premier confinement en France.
Clairement, c'est une mauvaise nouvelle. Il faut juste veiller à ce que cette mauvaise nouvelle se transforme en épisode
L'économie peut-elle faire face à une nouvelle crise ? Benoît Chervalier, enseignant à Sciences Po Paris et à l'Essec
Le Royaume-Uni espère passer un joyeux Noël
Hors de l'UE, Londres a annoncé aussi, samedi, avoir détecté deux premiers cas du nouveau variant. Il s'agit de deux personnes d'un même cluster qui ont un lien avec un voyage en Afrique australe, rapporte notre correspondante à Londres, Claire Digiacomi.
Le Premier ministre Boris Johnson a tenu une conférence de presse dans la soirée. Il a fait part de son inquiétude et a annoncé le retour de restrictions. « Il apparaît que ce variant se propage très rapidement, et qu'il peut se transmettre entre personnes vaccinées. Nous devons donc prendre dès maintenant des mesures ciblées et proportionnées, par précaution, en attendant d'en savoir plus », a-t-il dit.
Les voyageurs à l'arrivée dans le pays devront s'isoler, en attendant le résultat négatif d'un test PCR, et non plus antigénique, obligatoire au deuxième jour. Isolement de dix jours pour les cas contacts d'une personne positive au nouveau variant. Le masque est de nouveau imposé dans les magasins et l'ensemble des transports en commun. Un vrai changement, tant les Britanniques avaient largement abandonné cette protection en intérieur.
►À lire aussi : De nombreux touristes tentent de fuir l'Afrique du Sud
À quatre semaines de Noël, le Royaume-Uni se protège, mais Boris Johnson assure que la situation est différente de l'an dernier. Les fêtes de fin d'année s'étaient tenues sous confinement. « Je suis convaincu que ce Noël sera considérablement meilleur que le précédent », assure le locataire du 10 Downing Street.
La campagne pour les rappels vaccinaux, réservés aux plus de 40 ans, devrait être élargie à une plus grande partie de la population, alors que plus de 40 000 nouvelles contaminations, en moyenne, sont comptabilisées chaque jour au Royaume-Uni. Le Premier ministre appelle les Britanniques à recevoir une troisième dose. Il faut « gagner du temps pour nos chercheurs », dit Boris Johnson.
On ne sait pas à quel point ce nouveau variant pourrait réduire l'efficacité des vaccins. La firme américaine Moderna, dans un communiqué, a déclaré son intention de rapidement développer un candidat pour une dose de rappel spécifique au variant Omicron.
La notion de commercial n'a plus de sens aujourd'hui, on est en train de fabriquer des millions de doses tous les jours. L'important, c'est de savoir si le produit qu'on fabrique peut être adapté
François Blanchecotte, président du Syndicat des biologistes, réfute l'argument commercial
Aucun cas en France pour le moment
En France, « toute personne contact à risque d'un cas possible ou d'un cas confirmé du variant B1.1.529, indépendamment de son statut vaccinal, doit être considérée comme "contact à risque élevé" et doit ainsi être placée en quarantaine », annonce un texte envoyé aux établissements et professionnels de santé.
Même si le nombre de cas de Covid-19 répertoriés en France a continué d'augmenter samedi, avec 37 218 nouveaux cas en 24 heures et 1 563 malades en réanimation, aucun cas confirmé de ce variant Omicron n'a encore été annoncé dans le pays.
►À écouter aussi : Revue de presse française - La menace Omicron
En Suisse, toutes les personnes en provenance des pays désormais touchés (Pays-Bas, du Royaume-Uni, de République tchèque, d'Égypte et du Malawi) doivent maintenant présenter, à l'embarquement et à l'entrée dans le pays, un test Covid négatif. Ils doivent aussi se placer dix jours en quarantaine.
C'était déjà le cas depuis vendredi pour les personnes en provenance des autres pays où le mutant avait déjà été annoncé : en Afrique australe, en Belgique, à Hong Kong, et en Israël...
Israël ferme ses frontières
Israël est pourtant le pays qui va peut-être le plus loin, en annonçant l'interdiction de son territoire à tout visiteur étranger pendant deux semaines. Dans un communiqué relayé par Reuters, le Premier ministre Naftali Bennett, sous réserve d'approbation du gouvernement, informe que l'interdiction entrera en vigueur dans la nuit de dimanche à lundi. Le pays dit avoir enregistré un cas confirmé de contamination par le variant Omicron, sept autres cas étant « suspects ».
Seuls les Israéliens de retour, vaccinées ou non, pourront entrer sur le territoire à la condition de se soumettre à une quarantaine, ajoute le chef du gouvernement. Et Naftali Bennett précise que la technologie de traçage des communications du Shin Bet, le service de sécurité intérieure, sera utilisée pour localiser des personnes afin de réduire les risques de contagion.
♦ Comment détecte-t-on un variant ? Explications du docteur Olivier Bouchaud, infectiologue, chef du service des maladies infectieuses et tropicales de l’hôpital Avicenne de Bobigny.
Olivier Bouchaud : Il y a trois moyens d’identifier un nouveau variant. Le premier moyen, qui est le plus lent, c’est grâce à la surveillance épidémiologique qui se fait au fil de l’eau. Quand on commence à s’apercevoir que brutalement, au cours d’une épidémie, une personne est beaucoup plus touchée ou de façon beaucoup plus sévère. Là, on se dit qu’il est possible que ce soit un nouveau variant. Mais évidemment, cela prend du temps.
Pour aller plus vite, c’est-à-dire pour détecter plus vite un nouveau variant, il y a deux autres moyens. Le premier moyen, c’est de faire un séquençage systématique sur la base d’un échantillonnage des nouvelles infections qui apparaissent. Et quand on voit, au séquençage, qu’il y a des mutations, là, on peut identifier qu’il y a un variant.
L’autre façon de faire est, quand les biologistes font des PCR et notamment les biologistes - ou plutôt des hôpitaux universitaires ou des centres de recherche. Quand ils voient que le signal de PCR qu’on fait en routine pour faire le diagnostic n’est pas tout à fait le même que celui que l’on voit de façon classique, ça met la puce à l’oreille du biologiste. À ce moment-là, il envoie la souche au centre de référence, pour voir si c’est un nouveau variant ou pas.
NewsletterRecevez toute l'actualité internationale directement dans votre boite mail
Je m'abonne