Les forces biélorusses aident à traverser en Pologne mais tabassent ceux qui échouent
Des milliers de migrants sont toujours massés à la frontière biélorusse. L'Irak a rappatrié des centaines de volontaires mais parallèlement, les forces biélorusses continuent d'inciter les migrants à traverser la frontière vers l'Europe. Le témoignage de Bahadin, un Kurde irakien bloqué à la frontière biélorusse.
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Avec Oriane Verdier, du service International de RFI
Bahadin est l'une des figures du soulèvement populaire contre les autorités du Kurdistan irakien. En Biélorussie, il est devenu le contact de référence pour les Kurdes qui sont massés dans la zone tampon entre la Pologne et la Biélorussie et qui tentent de traverser la frontière vers l'Europe.
« Chaque jour, les gens m'appellent quand ils sont bloqués et ils m'envoient leur localisation, explique-t-il. Il doit y avoir 200 personnes bloquées tout le long de la frontière, et ça, ce ne sont que ceux qui m'ont contacté. Ils se font rejeter par la police polonaise et se retrouvent bloqués entre les deux barbelés polonais et biélorusses. »
Des pinces pour couper les barbelés
Selon Bahadin, les policiers biélorusses vont jusqu'à fournir des pinces pour ouvrir leur frontière et envoyer des migrants vers la Pologne. Mais s'ils échouent, ils sont roués de coups.
« Ils nous ont tapé pendant presque trois heures avec les crosses de leurs fusils et des matraques électriques, raconte Sirwan, l'ami de Bahadin. Ils ont lâché les chiens sur nous et puis ils nous ont ramenés dans un camp horrible sans nous donner ni eau ni nourriture. Il nous ont dit que c'était une punition pour avoir voulu couper le grillage biélorusse. Au bout de deux jours et demi, ils nous ont finalement donné une bouteille d'eau pour les 21 personnes que nous étions. Une bouteille et un peu de pain. Et puis, ils nous ont ramené dans ce hangar. »
Sirwan a reçu de nouvelles sollicitations des policiers biélorusses pour retenter la traverser de nuit.
« On nous propose d'aller en Irak ou en Pologne »
Bahadin renchérit le témoignage de son ami Sirwan et fait état de personnes retrouvées mortes dans la zone tampon.
« Ici, ils nous demandent qui veut rentrer en Irak et qui veut traverser la frontière. Si vous choisissez de traverser la frontière, vous vous faîtes refouler par les Polonais et là, les gens se retrouvent bloqués dans la zone tampon entre les deux pays. Parce qu'il y a deux grillages : le Biélorusse d'abord, puis 500 ou 600 mètres plus loin, le Polonais. Si vous voulez retourner sur vos pas en coupant le grillage biélorusse, là, ils vous arrêtent et vous tabassent sévèrement. L'autre jour, sur 22 personnes, seule une est arrivée à aller jusqu'en Europe. Les autres sont revenues et se sont fait arrêter par les Biélorusses qui avaient des chiens. »
La majorité des migrants a été rassemblée dans des hangars, mais les autorités biélorusses ont retrouvé deux morts près de leurs frontières et accusent leurs voisins européens d'être responsables de ces drames. Sur place, les migrants craignent que le nombre de personnes mortes de froid soit bien plus élevé.
« Officiellement, deux corps ont été retrouvés dans cette zone tampon. Mais il y a sûrement d'autres personnes qui sont mortes de froid tout le long de la frontière et dont on a pas encore retrouvé le corps, estime Bahadin. Plusieurs personnes qui ont tenté la traversée ont dit avoir vu des cadavres. »
► À écouter : «Pourquoi on fuit, à votre avis ?»: un Irakien rapatrié de la frontière biélorusse témoigne
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