Ukraine, Europe: Emmanuel Macron et Olaf Scholz affichent leurs convergences
Le nouveau chancelier allemand Olaf Scholz, en visite à Paris, et le président français Emmanuel Macron ont affiché ce vendredi 10 décembre leurs « convergences » de vues sur l'Europe. Ils ont aussi montré leur volonté de « travailler ensemble » face aux grands enjeux internationaux.
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Suivant une longue tradition de l'après-guerre, le social-démocrate, qui a succédé mercredi 8 décembre à Angela Merkel, s'est rendu à Paris aussitôt les premiers dossiers intérieurs pris en main à Berlin. Le chancelier et le président, qui se connaissaient déjà, sont rapidement passés à un ordre du jour chargé, de l'Union européenne (UE) à la crise ukrainienne, avec la même volonté réaffirmée de mettre le couple franco-allemand au « service » de l'Europe.
« Ces premiers échanges traduisent très clairement une convergence de vues solides », s'est félicité Emmanuel Macron lors d'une conférence de presse commune. Olaf Scholz a relevé de « nombreuses approches constructives » en vue des présidences française de l'UE et allemande du G7 en 2022. « Je suis sûr que les relations franco-allemandes continueront de s'épanouir », a-t-il ajouté, sans effusion. « Vous pourrez compter sur le soutien de l'Allemagne ! », avait lancé la veille la nouvelle cheffe de la diplomatie allemande, Annalena Baerbock.
Bienvenue à Paris, cher @OlafScholz, pour ta première visite à l’étranger. Heureux de te recevoir. Nous sommes tous deux attachés à notre Union, à notre Europe. Pour les Français, pour les Allemands, pour les Européens, ensemble. pic.twitter.com/J8qT94jSyo
— Emmanuel Macron (@EmmanuelMacron) December 10, 2021
Volonté d'une « Europe plus puissante »
L'Europe était clairement le sujet numéro un au menu, à 21 jours de la présidence française de l'UE dont Emmanuel Macron avait présenté la veille les grandes priorités, avec un mot d'ordre : une « Europe plus puissante ». « Sur les questions sociales, la transition climatique et numérique, la réponse commune aux défis migratoires, les sujets d'investissement ou d'ouverture institutionnelle, nous avons véritablement manifesté une volonté de travailler ensemble », a tenu à souligné le président français.
Signe de la place centrale de l'Europe pour la nouvelle équipe au pouvoir à Berlin, le chancelier s'est aussi rendu dans la foulée à Bruxelles. Il y rencontrera les dirigeants des institutions de l'UE et préparera le sommet européen des 16 et 17 décembre.
La feuille de route des quatre années à venir, signée par Olaf Scholz avec ses alliés de coalition écologistes et libéraux, témoigne d'ambitions nouvelles côté allemand en matière de politique européenne, après la tiédeur des années Merkel sur le sujet.
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Elle va même plus loin que la vision d'Emmanuel Macron en évoquant « l'évolution de l'Union européenne vers un État fédéral européen », un sujet tabou dans bien des pays de l'UE, y compris la France. Mais Paris en escompte de fait un nouvel élan pour l'Europe.
Les discussions s'annoncent compliquées toutefois sur le nucléaire. Paris souhaite l'intégrer dans une liste européenne des énergies « vertes » donnant accès à des financements spécifiques, au grand dam des Verts allemands et de leur candidate malheureuse à la chancellerie, désormais cheffe de la diplomatie. Sur ce point, le chancelier Scholz a botté en touche, relevant seulement que son pays avait misé sur le « développement des énergies renouvelables ».
L'entente et les coopérations seront compliquées à établir dans le militaire, le nucléaire...
Eileen Keller, chargée de recherches à l’Institut franco-allemand de Ludwisburg
Le chancelier allemand s'est dit sûr que Paris et Berlin « parviendront à des concepts communs » sur cette question : « Je suis convaincu que nous pouvons résoudre les difficultés qui sont devant nous, collectivement. Nous allons continuer à permettre et à garantir la croissance que nous avons amorcée avec le plan de relance, et nous allons en même temps garantir la solidité de nos finances. [...] Nous nous sommes engagés à utiliser la flexibilité qu'offre le pacte de stabilité et de croissance pour créer une politique européenne commune et nous pensons que c’est possible. »
Le dossier ukrainien évoqué
Les deux dirigeants ont aussi affiché leur volonté de poursuivre la médiation franco-allemande dans la crise ukrainienne, à laquelle le président russe Vladimir Poutine préfère désormais un dialogue direct avec Washington.
Cette médiation constitue une « base positive », a insisté Olaf Scholz. « Notre volonté commune est de poursuivre ce dialogue avec les présidents Zelensky et Poutine », a ajouté Emmanuel Macron, qui s'est entretenu vendredi avec son homologue ukrainien.
Olaf Scholz a aussi menacé mercredi de possibles « conséquences » pour le gazoduc controversé Nord Stream 2 reliant la Russie à l'Allemagne en cas d'invasion de l'Ukraine par les troupes russes. Ce projet a été soutenu envers et contre tout par Angela Merkel.
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