En Turquie, les entreprises en souffrance face à l'instabilité monétaire

En Turquie, la monnaie dégringole et le pays s’enfonce chaque jour un peu plus dans la crise. Les commerçants et entrepreneurs, habituellement assez discrets, sortent désormais de leur réserve et critiquent ouvertement les choix monétaires du président Erdogan.

Depuis plusieurs mois, les Turcs subissent la chute de leur monnaie nationale. REUTERS/Murad Sezer

Avec notre correspondante à Istanbul, Cerise Sudry Le Dû

Alors qu’il regarde son cahier des comptes, Can, qui gère une entreprise de produits agricoles, se désespère. Depuis quelques semaines, impossible de prévoir sa trésorerie.

« On doit calculer l’essence, la main d'œuvre, le packaging, les assurances… Ces jours-ci on fait ces calculs tous les matins et tous les soirs. » Pour les entrepreneurs qui font venir des produits de l’étranger, il faut mettre de plus en plus de livres turques sur la table face à l’euro ou au dollar.

« Avant, on adaptait nos prix deux fois par an. Maintenant, c’est plutôt deux fois par semaine. Regardez : l’année dernière, on vendait un kilo de riz à 17 livres turques. Aujourd’hui, c’est 34 livres ! ça a augmenté de 100%. »

Les étiquettes des prix changent chaque semaine

Dans la vie de tous les jours, les photos de supermarchés changeant leurs étiquettes de prix chaque semaine sont légion sur les réseaux sociaux. Et la vidéo d’un agriculteur, jetant sa production de tomates, en réaction à la chute totale de la livre arguant qu’elle ne valait plus rien, a beaucoup tourné.

Même les membres de la Tusiad, une association qui revendique 85% des entreprises exportatrices de Turquie, n’en peuvent plus de l’instabilité de la monnaie. Ils dénoncent des choix monétaires qui tirent le pays vers le bas.

Même si lundi soir, le président Recep Tayyip Erdogan a annoncé toute une série de mesures visant à enrayer la chute de la monnaie, entraînant d’ailleurs son rebond soudain, beaucoup n’y croient pas. Et l’instabilité de la monnaie les rend plus inquiets que jamais.

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