Mouvement social au Kazakhstan: malgré la chute du gouvernement, les manifestants ne décolèrent pas

Au Kazakhstan, les manifestations, qui durent depuis dimanche 2 janvier, prennent encore plus d’ampleur ce mercredi. Et ce, malgré la décision du président Kassym-Jomart Tokaïev de limoger le gouvernement et surtout de réduire le prix du gaz naturel compressé dont le prix a doublé ce 1er janvier. Mais rien n’y fait, la protestation s’étend dans tout le pays, exprime des demandes politiques et devient plus violente. Le président du Kazakhstan a promis de répondre fermement aux manifestations. 

Kazakhstan, le 5 janvier 2022: à Almaty, des chars et des grenades assourdissantes contre les manifestants. Le mouvement de protestation a démarré dimanche 2 janvier avec, pour détonateur, la hausse des prix du gaz liquéfié.
Kazakhstan, le 5 janvier 2022: à Almaty, des chars et des grenades assourdissantes contre les manifestants. Le mouvement de protestation a démarré dimanche 2 janvier avec, pour détonateur, la hausse des prix du gaz liquéfié. REUTERS - PAVEL MIKHEYEV
Publicité

La Russie appelle au « dialogue », et pas aux « émeutes » dans cette ex-république soviétique. Dans un communiqué le ministère des Affaires étrangères appelle à un règlement pacifique de la situation, dans le cadre constitutionnel et juridique regrettant les émeutes et infractions à la loi selon les termes utilisés par les diplomates.

Il est fort probable que la Russie décide de garder une certaine modération dans son attitude vis-à-vis du pouvoir et de ses opposants, explique le correspondant de RFI à Moscou, Paul Gogo. Parce que le pays n'a aucun lien avec ces émeutes et parce que le Kremlin tient plus que tout à garder de bonnes relations avec son voisin. Il s'agit donc de dénoncer les manifestants sans se les mettre à dos. Tout en soutenant le pouvoir en place. L'enjeu est important, le Kazakhstan est un partenaire économique majeur pour la Russie.

Enfin, il existe une part de psychologie dans la réaction russe quand de tels événements surgissent à ses frontières. Le Kremlin craint plus que tout ces révoltes qui consistent à chasser des élites vieillissantes et corrompues. En somme, les protestations qui touchent le Kazakhstan n'ont rien contre la Russie mais tout pour inquiéter le Kremlin.

Rassemblements multiples dans le pays

Dès ce mercredi matin, les Kazakhstanais se sont rassemblés sur les places des grandes villes du pays malgré le recul du gouvernement, nous détaille le correspondant régional de RFI, Régis Genté. Et ce, après une nuit tendue un peu partout, comme à Almaty la capitale économique, ou Aktau, dans l’ouest pétrolier, sur les bords de la mer Caspienne.

Très vite, des foules de plusieurs milliers de personnes ont assiégé les akimat, les sièges de gouvernements locaux, nommés par le pouvoir central. Cela a été le cas à Aktobé, ville pétrolière de l’ouest du Kazakhstan, et à Almaty, capitale économique du pays.

À lire aussi : Au Kazakhstan, la colère provoquée par la hausse des prix de l'énergie fait chuter le gouvernement

Dans d’autres villes comme Aktau, Atyrau, Chymket, les forces de l’ordre ont défendu ces bâtiments avec des gaz lacrymogènes et des grenades assourdissantes. 

Ces scènes sont tout à fait inhabituelles dans cette ex-république soviétique très autoritaire de 18 millions d’habitants, d'autant que le président Tokaïev y a déclaré hier, mardi 4 janvier, l'état d'urgence et un couvre-feu. Ce mercredi, il a promis de répondre fermement aux manifestations. Ces troubles, a-t-il déclaré, ont mené à « des attaques massives contre les forces de l'ordre » et celles-ci ont dans leurs rangs des morts et des blessés, a déclaré M. Tokaïev à la télévision kazakh. « Des groupes d'éléments criminels battent nos soldats, les humilient, les traînant nus dans les rues, agressent les femmes, pillent les magasins », a-t-il décrit. « En tant que chef de l'État et à partir d'aujourd'hui président du Conseil de sécurité, j'ai l'intention d'agir de la manière la plus ferme possible », a-t-il encore dit.

Dans le viseur des protestataires: l'ancien président Nazarbaïev

C’est le pouvoir qui est visé, notamment celui de l’ancien président Noursoultan Nazarbaïev, qui dirigeait jusque-là toujours le pays à la tête du Conseil de sécurité nationale. Kassym-Jomart Tokaïev lui a succédé en mars 2019, mais l’ancien président a gardé de larges pouvoirs en modifiant la Constitution, en s’octroyant le titre de « Leader de la nation » et en devenant chef d’un conseil de sécurité renforcé.

Tout ce mardi, à travers le Kazakhstan, les manifestants ont crié en chœur : « Shal, ket ! » (« Vieil homme, va-t-en ! »).

À lire aussi : Au Kazakhstan, rassemblements contre la hausse des prix du gaz liquéfié

NewsletterRecevez toute l'actualité internationale directement dans votre boite mail

Suivez toute l'actualité internationale en téléchargeant l'application RFI