Ukraine: les Occidentaux souhaitent une «solution diplomatique» mais redoutent la guerre
La tension à la frontière de l’Ukraine et de la Russie est toujours vive et dès lundi, la Russie et les États-Unis entameront un dialogue pour éviter que la situation s’aggrave. C’était le thème d’une réunion de l’Otan ce vendredi 7 janvier à Bruxelles entre Américains et partenaires européens.
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Les Occidentaux et l'Ukraine accusent depuis plusieurs semaines les Russes d'amasser des dizaines de milliers de soldats à la frontière ukrainienne en vue d'une potentielle invasion, et ont clairement menacé le président russe Vladimir Poutine de sanctions « massives » et sans précédent s'il attaquait à nouveau le pays voisin.
Moscou exige de son côté des traités excluant toute future adhésion de l'Ukraine à l'Otan et engageant l'alliance transatlantique à réduire ses forces aux portes de la Russie.
Pour tenter de surmonter cette nouvelle crise par le dialogue, les diplomates américains et russes se retrouvent lundi à Genève, avant une réunion Otan-Russie mercredi à Bruxelles puis une rencontre jeudi à Vienne de l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), dont Kiev est également membre. Une semaine de pourparlers qui risquent selon l'Otan de déboucher, en cas d'échec, sur un « nouveau conflit » en Ukraine.
« Le renforcement militaire de la Russie se poursuit autour de l'Ukraine et est accompagné d'un discours menaçant de Moscou si ses exigences ne sont pas acceptées. Or elles sont inacceptables et le risque d'un nouveau conflit est réel », a prévenu, ce vendredi, le secrétaire général de l'Otan Jens Stoltenberg à l'issue de la visioconférence avec les ministres des Affaires étrangères des pays de l'Alliance.
Les États-Unis ne se laisseront pas « distraire »
Les États-Unis ont tendu la main à la Russie mais ont aussi prévenu qu'ils ne se laisseraient pas « distraire » par ses exigences.
La Russie « veut nous entraîner dans un débat sur l'Otan plutôt que de nous laisser nous concentrer sur le sujet brûlant qui est son agression contre l'Ukraine. Nous ne nous laisserons pas distraire par cela », a prévenu pour sa part Antony Blinken, dans un discours très offensif à l'égard de Moscou.
« Je pense que cela fait certainement partie de leur stratégie de présenter une liste d'exigences absolument irrecevables et ensuite prétendre que l'autre camp ne joue pas le jeu et utiliser cela comme une justification pour une agression », a-t-il encore martelé.
Le secrétaire d'État américain a aussi mis en garde contre la possibilité que Moscou « ourdisse une provocation ou un incident pour ensuite l'utiliser afin de justifier une intervention militaire, dans l'espoir que, quand le monde se rendra compte de sa ruse, il soit trop tard ».
Et Antony Blinken ajoute : « Presque 100 000 soldats aujourd’hui, avec des plans pour en mobiliser le double très rapidement. Alors comment Moscou l’explique ? Par de la désinformation. En affirmant que l’Ukraine menace la Russie, que l’Ukraine cherche à provoquer un conflit, et que le renforcement des troupes, les chars et l’artillerie lourde sont purement défensifs. C’est comme si le renard disait qu’il devait attaquer le poulailler parce que ses occupants constitueraient en quelque sorte une menace. Les actions agressives de la Russie sont une menace à la paix et à la sécurité en Europe. »
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Une solution diplomatique est « encore possible »
Pour le secrétaire d’État américain, il y a encore la place pour la diplomatie. « Nous sommes prêts à répondre avec force à d’autres agressions russes. Mais une solution diplomatique est toujours possible et préférable si la Russie le décide. C’est ce qu’avec nos alliés et partenaires nous continuerons à chercher la semaine prochaine. »
Les ministres occidentaux ont aussi appelé à la « désescalade » russe pour favoriser la diplomatie, en renouvelant leurs lignes rouges. « Il est hors de question que l'Otan transige sur le principe du droit de chaque nation à choisir sa propre voie, y compris le type d'accord de sécurité dont elle veut faire partie », a soutenu le patron de l'Alliance.
Pas de négociations sans l'Europe
Face à la volonté apparente du Kremlin de privilégier un face-à-face avec les Américains, les Européens ont tous réclamé à nouveau leur siège à la table des négociations. « Quelle que que soit la solution, elle doit passer par l'Europe », a martelé à Paris la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen, au côté du président français Emmanuel Macron.
Antony Blinken, qui s'est déjà engagé à impliquer pleinement les Européens, a aussi promis à son homologue ukrainien Dmytro Kouleba qu'il n'y aurait « pas de discussions sur l'Ukraine sans l'Ukraine ».
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(avec AFP)
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