La République serbe de Bosnie célèbre ses 30 ans sur fond de tentation sécessionniste
C’est à une démonstration de force que l’on devrait assister ce dimanche à Banja Luka, à l’occasion de l’anniversaire de la République serbe de Bosnie (RS). Trente ans après cette déclaration d’indépendance qui a précipité la guerre des années 90, les dirigeants bosno-serbes menacent à nouveau de faire imploser l’État fédéral de Bosnie-Herzégovine. Reportage.
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Avec notre correspondant à Sarajevo, Louis Seiller
Il y a 30 ans, la petite ville de Pale se faisait une réputation mondiale en devenant la capitale des Serbes de Bosnie lors des quatre années du siège de Sarajevo.
Nikola, un retraité de 60 ans est fier de cet anniversaire. « Ici, c’est la Republika Srpska à 100 %, assure-t-il. Tous les gens ici sont des Serbes et l’ont toujours été. La sécession, c’est simplement la voie normale à suivre. »
Il y a un mois, le dirigeant ultranationaliste Milorad Dodik a fait adopter une série de lois visant à séparer la Republika Srpska de l’État fédéral. Éducatrice spécialisée, Milena craint un retour des violences intercommunautaires. « J’ai déjà vécu une guerre et aujourd’hui entendre en permanence à la télé ces discussions sur les risques de guerre, c’est vraiment déprimant. Déprimant », dit-elle.
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Dans les enclaves musulmanes de Republika Srpska, beaucoup d’habitants espèrent une réaction forte de la communauté internationale. C’est le cas d’Hamet, 64 ans. « Il faut sanctionner ceux qui veulent détruire la Bosnie-Herzégovine, affirme-t-il. Je pense à nos voisins, la Serbie et la Croatie. Tout ça ne peut pas continuer sans un réel risque de conflit. »
À Sarajevo, certains commentateurs voient déjà 2022 comme une année charnière, sans illusion sur l’influence de l’Union européenne, encore plus divisée qu’il y a 30 ans, face à ses nouvelles tensions en Bosnie-Herzégovine.
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■ Ce processus de sécession très préoccupant pour la stabilité de la région, peut-il aller à son terme ?
L'analyse de Loïc Tregoures, enseignant en sciences politiques à l'Institut catholique de Paris, spécialiste des Balkans.
Loïc Tregoures
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