Royaume-Uni: Boris Johnson présente ses excuses après la polémique sur une fête en plein confinement
Il est sous le feu des critiques depuis lundi 10 janvier au soir. Le Premier ministre britannique Boris Johnson est accusé d’avoir participé à une fête avec 40 personnes, au sein de Downing Street, en mai 2020, alors que le pays était encore durement confiné.
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Avec notre correspondante à Londres, Emeline Vin
Le Premier ministre britannique vient de présenter, ce mercredi 12 janvier, ses excuses au Parlement. « Je souhaite m’excuser. Je sais la colère des Britanniques quand ils pensent que les règles ne sont pas suivies par ceux qui les fixent », a déclaré Boris Johnson devant les députés.
Costume sobre, l’air sérieux, Boris Johnson a assuré qu’il pensait participer à une réunion de travail, ce 20 mai 2020 en fin de journée, alors que son secrétaire avait invité une centaine d’employés à amener de quoi boire un verre, dans le jardin du 10 Downing Street pour profiter du beau temps.
Je sais que des millions de personnes à travers le pays ont fait des sacrifices extraordinaires au cours des 18 derniers mois. (…) Je comprends la rage qu’ils ressentent à mon égard et à l’égard du gouvernement que je dirige quand ils voient qu’à Downing Street même, les personnes qui établissent les règles ne les suivent pas elles-mêmes.
Le Premier ministre anglais, Boris Johnson
Boris Johnson ne démissionnera pas
« Avec le recul, j’aurais dû renvoyer tout le monde à l’intérieur », a admis le Premier ministre, tout en soulignant que le rassemblement respectait « techniquement » les restrictions, puisque sa résidence est un lieu de travail. Une remarque qui a provoqué des éclats de rires sur les bancs de l’opposition.
Le chef des travaillistes, Keir Starmer, a rappelé que c’est la douzième réunion festive rapportée à Downing Street pendant les confinements et a appelé Boris Johnson à démissionner pour violation des restrictions et pour avoir menti au Parlement quand il affirmait, en décembre dernier, « qu’aucune restriction n’avait été enfreinte ».
Le chef du gouvernement assure prendre « toutes ses responsabilités » mais ne démissionnera pas, il attend les conclusions de l’enquête interne menée par la haute fonctionnaire Sue Gray.
« Trop c'est trop »
Boris Johnson semble ne plus être à l'abri d'un vote de défiance au sein de son parti. « Ça bruisse de rumeurs actuellement à travers les médias d’un ras-le-bol. Il y a des voix qui publiquement disent que "trop c’est trop", que le Premier ministre n’est pas sérieux, qu’il emmène le parti et le pays dans l’abime, je crois que c’est très sérieux », analyse Philippe Marlière, professeur de sciences politiques à l'University College de Londres, qui rappelle que Boris Johnson dispose pourtant d'une chambre conservatrice acquise à sa cause et au Brexit.
Pour autant, rien n'est encore fait. Pour qu'une motion de défiance soit valide, il « faut que les députés conservateurs réunissent des signatures qu’ils déposent devant un comité au sein du parti conservateur et si les signatures sont réunies et bien effectivement il y aura une possibilité de défier le Premier ministre et à ce moment là, Johnson pourra être renversé. Mais il est difficile de savoir où on en est parce que le comptage est gardé secret », ajoute-t-il.
Ce scandale met à nouveau Boris Johnson dans une position très fragile, d'autant que ce nouvel écart suscite beaucoup de colère au sein de la population britannique, rapporte le professeur.
Vous avez d’un côté un gouvernement qui édite ces règles et après on apprend qu’au moment même où le gouvernement mettait en place ces règles, ce gouvernement lui-même organisait une soirée bien arrosée avec une centaine de personnes, enfreignant toutes les règles mises en place à l’époque. Donc, effectivement, cela soulève une indignation populaire.
Philippe Marlière, professeur de sciences politiques à l'University College de Londres
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