66e Festival de Cannes

Première Assemblée des cinéastes au Festival de Cannes

La première Assemblée des cinéastes aura lieu le 18 et 21 mai dans le cadre de La Quinzaine des réalisateurs au Festival de Cannes.
La première Assemblée des cinéastes aura lieu le 18 et 21 mai dans le cadre de La Quinzaine des réalisateurs au Festival de Cannes. La Quinzaine des réalisateurs

« Le réalisateur n’est plus au cœur du film ». La déclaration vient de Chantal Richard, coprésidente de la Société des réalisateurs de films (SRF) et porteuse du projet de la première Assemblée des cinéastes dans le cadre de la Quinzaine des réalisateurs. Soutenu par des grands noms comme David Cronenberg, Mahamat Saleh Haroun, Cristian Mungiu ou Yousry Nasrallah, des cinéastes indépendants du monde entier se réunissent ce samedi 18 et mardi 21 mai sur la Croisette pour discuter sur les futurs enjeux de l’univers cinématographique. Entretien.

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Est-ce que l’heure est si grave d’avoir besoin de la première Assemblée des cinéastes ?

Grave, il n’est pas dans mon tempérament de dramatiser. Mais l’heure est à la nécessité de se croiser. Ca c’est sûr et certain. Il y a des effets de solitude, il y a des effets d’incompréhension de comment le système fonctionne. Il y a des effets. Vous remarquerez par exemple qu’aujourd’hui, ça fait quand même deux ou trois ans, beaucoup de films dans le métro n’ont plus le nom du réalisateur sur l’affiche. C’est-à-dire que le réalisateur n’est plus au cœur du film, les financements et les coproductions devenant compliqués, multinationaux etc. Le réalisateur n’est plus au cœur de ce processus de ce qu’est la fabrication d’un film. Et c’est un peu cette place de l’indépendance de la création qu’on a envie de partager tous pays confondus.

Quel est l’enjeu de cette cartographie de films que vous avez évoqué ?

Il y a des choses très paradoxales. La France est quasi présente dans tous les films de sélection de Cannes. Moi, je suis administrateur de la sélection officielle pour y représenter la SRF par ailleurs et donc j’ai une visibilité un peu large. La France est présente dans 80% des films présentés à Cannes. En termes de financement, c’est tout à fait exceptionnel. Et en même temps, est-ce que ce cœur là est équivalent au cœur de la création artistique, au cœur de l’innovation, au cœur des changements dans la façon de raconter les histoires, au cœur des enjeux esthétiques du cinéma ? Ce n’est pas forcément évident. Ce n’est pas forcément corrélé. Donc je crois qu’on a envie de sentir où ça se passe, où ça bouge, et puis vers où ça se déplace. Le cinéma est un organisme vivant et c’est important pour nous de sentir ce qui se passe ailleurs, comment les autres font leurs films, comment ils les imaginent. C’est quoi faire un premier film ? En tout cas, c’est un désir très partagé des cinéastes et quand on a voulu constituer un comité de parrainage qui est assez prestigieux, de cinéastes du monde entier, on n’a essuyé aucun refus et tout le monde était très enthousiaste. Ca veut bien dire qu’il y a un manque.

En vous écoutant, on a l’impression que Cannes fausse le regard, l’image du cinéma mondial ?

Oui, Cannes le fausse et très souvent les cinéastes peuvent y être perdus. Ils sont évidemment très heureux que le film y soit présenté, très heureux des opportunités que ça ouvre au film. Mais quelques fois ils sont totalement perdus. La Quinzaine essaye de proposer des « à côté » à l’effet énorme du marché, des lieux de parole, une façon aussi de présenter les films différemment, des lieux de rencontre comme la plage, des temps où l’on peut se croiser, se connaître. C’est extrêmement important aujourd’hui pour faire les films.

La deuxième partie de cette assemblée est consacrée à la politique européenne. Est-ce qu’il y a des effets visibles, palpables concernant la crise économique en Europe. Plusieurs organisateurs ont parlé de films qui arrivent en retard.

Chantal Richard, coprésidente de la Société des réalisateurs de films (SRF) et porteuse du projet de la première Assemblée des cinéastes
Chantal Richard, coprésidente de la Société des réalisateurs de films (SRF) et porteuse du projet de la première Assemblée des cinéastes Siegfried Forster / RFI

Oui je crois qu’il y a des effets palpables aujourd’hui de la crise en Europe, de la crise financière de l’Europe. Il existe aussi une inquiétude concernant la remise en cause de l’exception culturelle, les énormes problèmes qui se posent sur les droits, la crainte que l’harmonisation se fasse par le bas comme dans d’autres domaines de la politique européenne. Mais cette deuxième partie de l’Assemblée des cinéastes n’est pas un colloque sur les politiques culturelles de l’Europe. C’est toujours dans la même dynamique, des cinéastes échangent leurs expériences comment les politiques européenne impactent notre façon de faire les films : les demandes de castings, les coproductions, les délocalisations des tournages et tout ça. Ce sont toujours des expériences des uns et des autres qui se croisent. 

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L’Assemblée des cinéastes
, le 18 et 21 mai à partir de 14h30 au théâtre Croisette, JW Marriott, dans le cadre de La Quinzaine des réalisateurs.

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