France: les étudiants précarisés face au défi du confinement
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Cinq jours après le discours d'Emmanuel Macron et l'annonce du prolongement du confinement, les étudiants les plus précaires attendent toujours de savoir de quelles aides ils vont pouvoir bénéficier. Le président a évoqué cette catégorie de la population parmi les plus fragilisées par les mesures exceptionnelles liées à la lutte contre l'épidémie. Quelque 20% vivent sous le seuil de pauvreté.
Une bénévole vient à la rencontre des étudiants qui patientent devant l'épicerie solidaire Agoraé pour prendre leur commande. Toute l'année, cette épicerie permet aux étudiants les plus précaires de faire leur course pour quelques euros. Après avoir fermé à l'annonce du confinement, elle a finalement rouvert face aux nombreuses sollicitations des étudiants, restés coincés à Paris, et dont les difficultés financières se sont accrues.
« Ils ne sont pas pris en charge dans les restaurants universitaires, déplore Céline Caron, vice-président de l'Association générale des étudiants de Paris. Donc déjà ça fait beaucoup plus de nourriture à acheter. Et ensuite, il y a les activités qui s’arrêtent et pour les étudiants qui travaillent, ça s’arrête aussi. Donc forcément, il y a un revenu qui s’arrête et puis c’est plus difficile, parce qu’il n’y a pas de chômage en temps partiel… »
C'est le cas d'Ahmed, qui n'a pas pu rejoindre sa famille à l'annonce du confinement : leur logement est trop exigu. Il reste donc confiné dans sa résidence universitaire, mais ne sait plus comment joindre les deux bouts depuis que son job étudiant a cessé. « J’ai effectué des tutorats, etc. Tous les collèges et lycées ont fermé, donc je me retrouve sans activité. Et là, je me retrouve du coup seulement avec la bourse du Crous, 500 euros. » Ahmed repart avec un panier de fruits et légumes pour seulement 50 centimes. De quoi tenir jusqu'à la prochaine distribution, dans une semaine.
Au niveau local, la presse se fait l'écho d'initiatives locales comme à Rennes ou à Bordeaux, dans les grandes villes universitaires.
670 000 étudiants dépendent d'un job pour leurs besoins essentiels
Le 15 avril, le premier secrétaire du PS Olivier Faure, le groupe universitaire socialiste et d'autres responsables du parti ont proposé dans Libération la revalorisation des APL pour les étudiants précarisés par la crise et l'élargissement du RSA aux 18-24 ans.
► La tribune dans Libération : Covid-19 : pour un Pacte social de la jeunesse
« En France, près de 670.000 étudiants dépendent du revenu d'un "boulot étudiant" pour leurs besoins les plus essentiels (alimentation, logement, habillement) », écrivent ces responsables, parmi lesquels le président du groupe PS au Sénat Patrick Kanner, le président du département de Seine-Saint-Denis Stéphane Troussel, le député des Landes Boris Vallaud ou encore le président du GSU Abir Adam.
« Les bourses d'étude et aides au logement sont souvent des ressources insuffisantes pour vivre sans travailler, estiment-ils. Face à l'urgence, il nous faut utiliser les mécanismes déjà existants au sein de l'artillerie sociale française. [...] Sur la base d'un volume horaire hebdomadaire moyen chez les étudiants-travailleurs de 16 heures payé au Smic, il s'agit de majorer les APL à hauteur de 514 euros par mois », détaillent les signataires de la tribune, une mesure qu'ils chiffrent à 0,1% du budget social.
► Une autre tribune a été signée par un collectif dans Le Monde alertant sur la précarité des étudiants en ces temps de crise.
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