Procès du 13-Novembre: le directeur de l’institut médico-légal ravive le traumatisme des familles
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Au 11e jour du procès des attentats du 13 novembre 2015, la cour d’assises spéciale a notamment entendu jeudi 23 septembre le directeur de l’institut médico-légal (IML), qui a réceptionné pour examen ou autopsie les corps des victimes. Son témoignage a ravivé la colère de nombreuses parties civiles, traumatisées par l’accueil réservé au moment de reconnaître le corps de leurs proches.
Il y a d’abord la dure évocation des causes de la mort : « Fracas crânien, hémorragies massives, dilacération des organes. » Toujours en termes techniques et froids, le directeur de l’institut médico-légal Bertrand Ludes poursuit : les « projectiles à très haute vélocité » que sont les balles de kalachnikov ont fait des dégâts considérables. Avant de lister : 39% des personnes décédées ont été touchées sur deux zones, 24% sur trois zones, 4% sur quatre zones… avec jusqu’à ces 32 orifices recensés sur un même corps.
La plupart des décès ont été « immédiats », les victimes d’hémorragies massives ont elles expiré « en trois à quatre minutes », mais celles touchées aux membres ont sans doute agonisé plus longtemps, explique le médecin… Assailli de questions sur des cas spécifiques par les avocats qui relaient les interrogations de familles, toujours cruellement en recherche d’information sur les derniers instants de leurs proches six ans après les faits.
Mais ce ne sont pas leurs seules préoccupations. Longtemps sans réponse sur le sort de leurs proches pour certaines, contraintes de ne pas rester plus de cinq minutes au moment de la présentation des corps pour la plupart, elles sont nombreuses à s’être sentie maltraitées. « Si ça s’est passé comme ça, je m’en excuse », finit par dire le médecin. « Mais ça s’est passé comme ça ! », crie une femme dans la salle. Dominique Kielemoes, mère de Victor Munoz, tué au café La Belle Équipe, n'est pas satisfaite de la réponse donnée ce jeudi : « On peut comprendre qu'il y a eu le chaos, mais on ne peut pas accepter que cette personne ne dise pas : "On a été débordé, ça a été terrible". Je sais pas si vous avez sentis de l'empathie dans son discours. Moi, je n’en ai pas senti. À aucun moment ! »
Et puis, les terribles erreurs : certains corps ont été inversés l’identité d’une personne décédée confondue avec autre blessée. Il aura ainsi fallu six jours pour qu’enfin soit identifiée la jeune Lola, décédée à l’hôpital.
Me Jean Reinhart, avocat de l’association 13onze15, a lui-même perdu son neveu tué au Bataclan
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