Migrants à Calais: le gouvernement propose des hébergements hors de la ville
Publié le : Modifié le :
Dans le nord de la France, à Calais, les migrants évacués de leurs campements de fortune seront « systématiquement hébergés », s'il le souhaitent, mais hors de Calais. C'est ce qu'annonce ce mardi le médiateur envoyé sur place par le gouvernement.
« On va proposer systématiquement un hébergement, qui sera essentiellement dans le Pas-de-Calais, dans les Hauts-de-France, mais pas à Calais » , où le gouvernement « craint » la résurgence de la « jungle » démantelée il y a cinq ans, a expliqué Didier Leschi, le patron de l'Office français de l'immigration et de l'intégration (OFII). Le gigantesque campement réunissait alors dans des conditions humanitaires chaotiques, jusqu'à 10 000 candidats au passage vers l'Angleterre.
Ces annonces du gouvernement pour sortir de la crise à Calais interviennent au 23e jour d'une grève de la faim de deux militants associatifs et d'un prêtre, dans l'église Saint-Pierre de Calais. Ils protestent contre les conditions de vie des réfugiés dans cette ville-frontière avec le Royaume-Uni. Des réfugiés qui vivent dans des campements insalubres quotidiennement évacués, se voyant au surplus confisquer leurs maigres effets personnels au gré des expulsions. Les grévistes de la faim demandent notamment l'arrêt des démantèlement pendant l'hiver.
Didier Leschi a ainsi reconnu, de facto, que les évacuations de campements à Calais n'étaient pas toujours assorties de propositions de mise à l'abri, ce qui est pourtant la règle. Pour tenir son engagement, l'État va devoir « augmenter son parc d'hébergement » de « plusieurs centaines de places », a souligné le médiateur.
Un délai « d'environ 45 minutes » sera désormais laissé aux migrants pour réunir leurs affaires, a avancé le patron de l'OFII. Il n'y aura plus d'évacuation par surprise, a-t-il aussi promis assurant par ailleurs qu'une maraude de l'OFI « passera avant chaque évacuation » pour effectuer un diagnostic social, en lien avec les associations.
40 000 personnes depuis le début de l'année
La crainte du gouvernement est liée à l'ampleur des flux : depuis le début de l'année, il y a presque 40 000 personnes qui sont arrivées sur le littoral nord. « L'État ne peut pas laisser s'organiser sciemment une base de départ clandestine vers l'Angleterre, alors que les gens risquent, en plus, leur vie en traversant la Manche », explique encore Didier Leschi.
► À lire aussi : Migrants: un médiateur envoyé à Calais pour rencontrer des grévistes de la faim
Largement insuffisant pour les associations
Les annonces faites par le gouvernement ce mardi pourraient entrer en vigueur dès « la fin de semaine », a estimé le médiateur. Mais les propositions ne conviennent pas à ses interlocuteurs sur place. Ils réclament un moratoire sur les évacuations, alors que la trêve hivernale est entrée lundi en vigueur. C'est largement insuffisant pour les associations. Reportage.
"Arrêtez le harcèlement, laissez leur leurs tentes, laissez-leur leurs effets personnels", hurle une militante. […] Nathanaël Caillot bénévole au Secours catholique : "On a le regret de voir qu’on est au point mort. Ce qui nous est proposé aujourd’hui c’est la même situation depuis des années. Le harcèlement va continuer et ceci est inadmissible, intolérable."
La colère des associations à Calais
Le directeur général de l'OFII a été envoyé par le ministère de l'Intérieur la semaine dernière à Calais pour une « mission de contact et de médiation » auprès des grévistes, le prêtre Philippe Demeestère, aumônier du Secours catholique âgé de 72 ans, et deux militants associatifs, Anaïs Vogel et Ludovic Holbein.
À l'issue de discussions mercredi et jeudi derniers, les acteurs locaux avaient déploré une visite « électoraliste », tandis que les grévistes de la faim avaient estimé que le médiateur n'apportait « pas de solutions ».
Entre l’État et les associations sur place, un dialogue de sourds semble s’installer. Reportage à la sortie de l'église où Didier Leschi a rencontré un des grévistes de la faim.
Entre l'État et les associations, les points de vue divergent
(Avec AFP)
NewsletterRecevez toute l'actualité internationale directement dans votre boite mail
Je m'abonne