Procès du 13-Novembre: «Dans ma vie, souvent j’agis et après je réfléchis»
À Paris, au procès des attentats du 13 novembre 2015, deuxième jour des interrogatoires des 14 accusés présents. Interrogatoires sur leur personnalité, c’est-à-dire leur parcours, hors religion. Ce mercredi, la cour a notamment entendu Hamza Attou.
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Avec notre envoyée spéciale au palais de justice de Paris, Laura Martel
Ce Belge, qui avait 21 ans au moment des faits, est accusé d’être allé chercher en voiture Salah Abdeslam après les attaques pour le ramener en Belgique. Hamza Attou a répondu à la barre et non dans le box, car comme deux autres accusés, il comparait libre.
Tout au long de son interrogatoire, l’émotion d’Hamza Attou est palpable. Les larmes coulent dès les premières questions et l’évocation de son père et son frère décédés, elles lui serrent la gorge lorsqu’il glisse une pensée pour les familles de victimes et affleurent à nouveau quand il exprime de nombreux regrets.
À commencer par cette vie qui déraille après une « bonne enfance », « chouchouté » au sein d’une famille de huit et un début de scolarité réussi. Il est « rattrapé » dit-il, « par la réalité de la vie, au collège ».
Ex-dealer de cannabis pour un futur kamikaze
C’est de sa consommation de cannabis dont il parle, jusqu’à 5 grammes par jour. Les 50 euros qu’il gagne le week-end sur les marchés ne suffisent pas à financer son addiction. « Je ne me voyais pas voler ou agresser des gens », dit-il, alors il atterrit dans un bar près de chez lui. D’abord serveur au noir, il devient vite dealer pour le patron, un certain Brahim Abdeslam, futur kamikaze des terrasses.
Dans ce café, il croise aussi d’autres accusés du procès, devient notamment ami avec le petit frère de Brahim, Salah Abdeslam, qui lui demandera de venir le chercher à Paris, le soir des attentats. Arrêté le lendemain, il passe 2 ans et demi en détention avant d’être libéré sous contrôle judiciaire.
Mais des virées nocturnes alcoolisées manquent de le renvoyer derrière les barreaux. « Dans ma vie, souvent j’agis et après je réfléchis, c’est pour ça aussi que je me retrouve ici », déplore-t-il. « Vos proches vous décrivent naïf, généreux, toujours serviable, vous vous reconnaissez ? » renchérit son avocate. « Malheureusement "oui" et ça ne m’a pas beaucoup porté chance », mais aujourd’hui « je saurais dire "non" », assure-t-il.
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