Au procès des attentats du 13-Novembre, Mohamed Bakkali, un accusé qui tranche

Mohamed Bakkali (deuxième en partant de la gauche) lors du procès de l'attentat déjoué du Thalys, le 16 novembre 2020 à Paris.
Mohamed Bakkali (deuxième en partant de la gauche) lors du procès de l'attentat déjoué du Thalys, le 16 novembre 2020 à Paris. Elisabeth de Pourquery AFP

Au deuxième jour des interrogatoires des quatorze accusés présents sur leur personnalité, la cour a notamment entendu Mohamed Bakkali. Ce Belgo-Marocain de 34 ans est accusé d’être un logisticien clé dans la préparation des attaques et reconnu coupable pour un rôle similaire dans l’attentat du train Thalys en août 2015. 

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Avec notre envoyée spéciale au palais de justice de Paris, Laura Martel

La carrure est imposante, la voix posée, l’intelligence évidente. Mohamed Bakkali décrit « une enfance heureuse dans une famille unie, honnête ». Il est bon élève mais « pas très sérieux ni motivé », dit-il, « il veut gagner sa vie ». Ce sera d’abord à la casse de son père, mais très vite, il opte pour le business de contrefaçons. Sans se faire prendre.

Condamné pour l'attentat déjoué du Thalys

« Votre casier est vierge », rappelle le président, car si Mohamed Bakkali a été reconnu coupableet condamné à 25 ans de prison dans l’affaire de l'attentat du Thalys en août 2015, il a fait appel. Au procès du Thalys justement, le trentenaire avait montré une redoutable maîtrise du dossier, qui pointe encore ici. Il sait à quelles pièces il est fait référence, tel « procès verbal », tel témoignage, déclare sans ambages « s’interroger sur le sérieux » d’un « soi-disant rapport » ou se permet de couper l’avocat général d’un : « Je sais où vous voulez en venir et vous vous trompez. ».

Mais toujours Mohamed Bakkali reste calme, même lorsqu’il décrit les conséquences délétères de l’isolement en détention : « Qu'on le veuille ou non, l’être humain est un être social, si on lui enlève les liens sociaux, on lui enlève son humanité. » Lui qui est à l’isolement depuis son incarcération en janvier 2018 et « se sent comme un hamster » parle d’expérience, mais aussi en tant que détenteur d’une licence de sociologie, obtenue en prison.

La sociologie pour comprendre les « leviers » de ses actes

Des avocats de parties civiles l’interrogent : « Pourquoi cette discipline ? » « Qu'est-ce que ça vous a apporté ? « Ça m’a permis de complexifier ma compréhension des choses », affirme-t-il, « j’apprenais ce que je ne vivais plus, les relations sociales. Ça m’a permis d’acquérir des notions sur mes relations aux autres et les leviers des actes que j’ai pu commettre ». « Il faudrait que j’écrive un livre », conclut Bakkali, dans un demi-sourire.

Mais quels leviers ? Frustration, on n'en saura pas plus. « Saucissonnage » du procès oblige, selon les mots du président, l’étude des faits est pour plus tard.

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