Procès du 13-Novembre: l'accusé Farid Kharkhach entre aisance et fragilité

La cour d'assises spéciale installée à l'intérieur du palais de justice de Paris, à l'occasion du procès des attentats du 13 novembre 2015. Le procès s'est ouvert le 8 septembre 2021 et s'achèvera le 25 mai 2022.
La cour d'assises spéciale installée à l'intérieur du palais de justice de Paris, à l'occasion du procès des attentats du 13 novembre 2015. Le procès s'est ouvert le 8 septembre 2021 et s'achèvera le 25 mai 2022. AP - Michel Euler

Au procès des attentats du 13 novembre, au dernier jour de l’examen de personnalités des accusés, la cour a notamment entendu Farid Kharkhach. Ce Belgo-Marocain a reconnu avoir fourni des faux papiers mais a toujours juré qu’il ignorait qu’ils serviraient à de futurs terroristes. Compte rendu d'audience.

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Avec notre envoyée spéciale au palais de justice de Paris,  Laura Martel

« La poisse », répète Farid Kharkhach. D’un ton rieur, il énumère ces coups du sort qui torpillent ses business : son garage coule par la faute du comptable, les « sacs non-accompagnés » qu’il transporte entre Belgique et Maroc sont saisis, l’achat-vente de voitures semble marcher, mais un client le paie en fausse monnaie, et les deux bolides grâce auxquels il comptait se refaire finissent embouteillés. « Toujours la poisse ». 

Cette malchance qui, plus sombrement, aurait mené Farid Kharkhach dans ce box où il ne connait personne. Lui n’a ni habité Molenbeek ni fait de séjour en Syrie.

Il a grandi au Maroc, réussi dans l’informatique et c’est pour suivre sa future femme qu’il plaque tout pour la Belgique. Son divorce le plonge dans la dépression. Et l’accusé de dévoiler les failles psychologiques qui rendent aujourd’hui sa détention d’autant plus difficile, lui qui est toujours sous médicaments, souffre aussi de troubles obsessionnels compulsifs (TOC) et a laissé pousser ses cheveux pour dissimuler une pelade, « un cache-misère » dit-il.  

« Papa est à l’hôpital »

Ses frères se sont éloignés de lui, « mais je comprends, assure l’accusé, le mot terrorisme, c’est plus que coronavirus, c’est devenu pire que le sida ». Il tient, dit-il, grâce à sa nouvelle compagne et leurs enfants. Une fille née peu de temps avant son arrestation en 2017, et ce petit garçon qui avait à l’époque 5 ans, pour qui il se déguisait en policier.

« Papa est à l’hôpital », lui avait dit Kharkhach, persuadé de sortir vite. « Ce mensonge a envahi ma vie » déplore-t-il. Près de 5 ans ont passé, l’enfant ignore toujours qu’il s’agit de prison.

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