Construction de nouveaux EPR en France: Emmanuel Macron relance la guerre nucléaire

La centrale nucléaire de Flamanville (illustraton de 2019)
La centrale nucléaire de Flamanville (illustraton de 2019) Reuters/Benoit Tessier/File photo

L'annonce du président Macron, lors de l'allocution télévisée du 9 novembre, de la construction de nouveaux réacteurs nucléaires fait réagir. Si EDF se réjouit de cette annonce, du côté des Verts et des associations de défense de l'environnement, les réactions sont tout autres.

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Emmanuel Macron a annoncé mardi que la France allait relancer un programme nucléaire et construire de nouveaux réacteurs sur son sol. « Nous allons, pour la première fois depuis des décennies, relancer la construction de réacteurs nucléaires dans notre pays et continuer de développer les énergies renouvelables ».

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Actuellement un seul réacteur dit de « nouvelle génération » ou EPR (pour Réacteur pressurisé européen) est en construction sur le site de Flamanville dans la Manche. Un chantier qui a pris du retard avec aussi une inflation des coûts conséquente : dix ans de retard et un budget initial multiplié par trois. Il devrait commencer à fonctionner fin 2022.

EPR versus SMR

Les EPR sont de gros réacteurs nucléaires conçus au début des années 90. Six chantiers devraient être lancés en plus de celui de Flamanville débuté en 2007. Mais EDF assure avoir appris de ses erreurs et se tient prêt pour le coup d'envoi de ces projet. 

Six gros réacteurs, rien à voir donc avec les futurs SMR -petites centrales déjà en service en Chine- promis par Emmanuel Macron dans son plan France 2030. Mais pour le moment la technologie EPR est la seule opérationnelle « d'un point de vu industriel » selon la ministre française de l'Ecologie Barbara Pompili. 

La France va donc sortir son porte monnaie. Cette relance du nucléaire devrait coûter 46 milliard d'euros à l'Etat. 

Encore récemment, en octobre, l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN) a dû valider une nouvelle réparation sur des installations (sur des soudures dites de « piquages »).

La Cour des comptes avait déjà pointé l'an dernier l'enjeu financier « majeur » d'un tel programme, chiffrant le coût de construction de six EPR de nouvelle génération (EPR2) à 46 milliards d'euros.

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Bronca des écologistes et à gauche

Satisfaction du côté de l'opérateur EDF qui s'est dit « prêt » ce mercredi à construire de nouveaux EPR en France. « EDF se réjouit très sincèrement de la déclaration du président de la République, M. Macron, hier soir à la télévision sur la relance de nouvelles centrales nucléaires en France », a dit Jean-Bernard Lévy, patron de l'entreprise.

Mais vives réactions de colère du côté des écologistes. « L'annonce de cette relance était prévisible, mais elle est incroyable » s'est emporté le député vert Matthieu Orphelin qui exige un vaste débat national. Même tonalité du côté de la socialiste Anne Hidalgo et de l'écologiste Yannick Jadot, tous deux candidats à la présidentielle, qui ont dénoncé d'une même voix l'« irresponsabilité » des annonces présidentielles. « Je ne suis pas surpris, mais je suis scandalisé, a taclé Julien Bayou, secrétaire général d'Europe Écologie-Les Verts. Ce n'est pas au président d'annoncer comme ça, sans aucun débat, de nous engager sur la voie dangereuse d'un programme nucléaire. [...] C'est vraiment faire fausse route que de s'entêter dans le nucléaire. »

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