Harkis: un premier feu vert au projet de loi française de «réparation»
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L'Assemblée nationale française a donné jeudi 18 novembre un premier feu vert au projet de loi pour demander « pardon » et tenter de « réparer » les préjudices subis par les harkis et leurs familles, avec une indemnisation que l'opposition espérait plus large.
Le texte, voté en première lecture par 46 voix contre 1 et 6 abstentions, est maintenant attendu au Sénat. Près de soixante ans après la guerre d'Algérie, il se veut la traduction législative d'un discours d'Emmanuel Macron, qui avait demandé « pardon » à ces Algériens ayant combattu aux côtés de l'armée française, mais qui furent « abandonnés » par la France.
Le projet de loi allie dimension mémorielle et indemnisation. Il reconnaît « les conditions indignes de l'accueil » réservé aux 90 000 harkis et à leurs familles qui ont fui l'Algérie après l'indépendance. Près de la moitié d'entre eux ont été relégués dans des camps et des « hameaux de forestage ».
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En conséquence, le projet de loi prévoit « réparation » du préjudice avec, à la clef, une somme forfaitaire tenant compte de la durée du séjour dans ces structures. C'est sur ce volet que se sont concentrés les débats. L'opposition a réclamé une indemnisation pour les 90 000 harkis « y compris ceux qui ne sont pas passés par des camps de transit » mais ont été accueillis dans des « conditions indignes ».
Des familles de harkis étaient présentes en tribunes et des associations réclamaient devant l'Assemblée une réparation élargie.
ce n’est pas au gouvernement d’évaluer un préjudice. C’est à des experts, des avocats, des juristes, des psychologues, des psychiatres, des médecins… qui peuvent dire que, quand on enferme quelqu’un dans un camp, il peut avoir des pathologies qui peuvent le handicaper pour toute sa vie !
M. Gasmi, président du Comité national de liaison des harkis: «nous avons rendu un volume de 53 pages, dans lesquelles on détaillait tout !»
D'ores et déjà, cinquante millions d'euros ont été inscrits dans le projet de budget 2022 pour abonder le fonds d'indemnisation. La somme globale de 302 millions d'euros, pour plusieurs années, est mentionnée.
Un sujet omniprésent entre la France et l'Algérie
Avec ce projet de loi, le président Macron va plus loin que ses prédécesseurs, en reconnaissant une « dette » envers les harkis et leurs familles. Demander « pardon » est loin d'être anodin lorsqu'il est question du conflit algérien, un sujet toujours aussi brûlant des deux côtés de la Méditerranée comme l'ont rappelé les récentes tensions entre Paris et Alger.
Jusqu'à 200 000 harkis avaient été recrutés comme auxiliaires de l'armée française pendant le conflit entre 1954 et 1962. Une journée d'hommage de la nation leur est consacrée chaque 25 septembre, depuis un décret de 2003. Symboliquement, les députés ont voté jeudi pour que cette date du 25 septembre soit explicitement « inscrite dans la loi ».
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(et avec AFP)
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