Reportage

Violences sexistes en France: des milliers de personnes dans la rue pour dire «stop»

La manifestation organisée par l'association #NousToutes a rassemblé à Paris 50 000 personnes selon les organisateurs, et 18 000 manifestants selon la police, le 20 novembre 2021.
La manifestation organisée par l'association #NousToutes a rassemblé à Paris 50 000 personnes selon les organisateurs, et 18 000 manifestants selon la police, le 20 novembre 2021. © AFP - ALAIN JOCARD

Ce samedi 20 novembre, ils étaient plusieurs milliers à manifester partout en France pour protester contre les violences sexuelles et sexistes. Les associations étaient également au rendez-vous pour clamer leurs revendications à quelques mois de l’élection présidentielle.

Publicité

Avec Aglaé Gautreau, du service France de RFI

Elles sont plusieurs dizaines d'associations à avoir appelé à manifester. Parmi elles, le collectif organisateur, #NousToutes, qui attend des mesures concrètes.

« On va attendre le 25 novembre, voir quelles choses vont être mises en place, confie Marylie Breuil, l'une de ses militantes. Ensuite, évidemment, on va se mobiliser jusqu'à la présidentielle. On veut que les violences sexuelles soient au cœur des débats des candidats à la présidentielle. »

On attend surtout une prise de conscience des politiques.

Pauline Baron, militante au sein de #Nous Toutes

Mais pour les associations, cette marche ne suffira pas. Selon Lucile Jomat, présidente de SOS Homophobie, il faut continuer de se mobiliser pour faire évoluer les mentalités. 

« On est là pour vivre nos vies »

« On intervient dans les écoles pour faire de la sensibilisation, contre à la fois les violences LGBTIphobes, mais également les violences sexistes, explique-t-elle. Il faut que ces violences s'arrêtent. Donc c'est en faisant de l'éducation qu'on va pouvoir faire changer la société. »  

Une société qui évolue petit à petit reconnaît Lucile Jomat. Mais la colère est toujours là : « Il y a vraiment une volonté de dire stop à tout ça. Il y a vraiment un besoin de changement. On est là pour vivre nos vies. On n'a pas envie d'être emmerdé dans la rue. On veut que ça s'arrête, donc on espère vraiment que le nombre [de manifestants, NDLR] montre vraiment qu'il faudra faire quelque chose. »

Un objectif principal donc : se faire entendre, encore et encore. À Paris, le mouvement a rassemblé 50 000 personnes selon les organisateurs, 18 000 selon la préfecture de police. C'est moitié moins qu'il y a deux ans : 100 000 selon les organisateurs, 35 000 selon la police.

D'autres rassemblements sont programmés partout en France entre ce samedi et le 25 novembre, journée internationale contre les violences faites aux femmes. A Rouen, une centaine de personnes ont ainsi défilé samedi, selon la presse régionale, en attendant une marche nocturne jeudi sur le thème « Reprenons la rue, la nuit ! ».

À lire aussi : A-C Mailfert: « le machisme est la première cause d'assassinat des femmes en France »

Un milliard d'euros par an demandé pour la lutte contre les violences faites aux femmes

En France, quelque 220 000 femmes sont victimes de violences et 94 000 sont violées chaque année, relève #NousToutes. Depuis le 1er janvier, 101 femmes ont été tuées par leur conjoint, selon le décompte du collectif « Féminicides par compagnon ou ex ». Pour l'ensemble de l'année 2020, le chiffre avait atteint 102 féminicides et 146 en 2019, selon le ministère de l'Intérieur.

Les organisations féministes estiment que l'État devrait consacrer un milliard d'euros par an à cette lutte, au lieu de 360 millions aujourd'hui. Elles demandent également des mesures de « prévention », comme apprendre aux plus jeunes ce qu'est le consentement, et réclament un effort supplémentaire pour créer davantage de places d'hébergement pour les femmes qui fuient leur conjoint violent.

Dans une telle situation, environ 40% des victimes ne se voient proposer aucune solution d'hébergement, et seules 12% obtiennent une place adaptée, selon un rapport publié jeudi 18 novembre par la Fondation des femmes.

► À écouter : Violences faites aux femmes: les associations enjoignent le gouvernement d'agir davantage

« Organisations chrétiennes féministes et LGBTQIA »

La manifestation était également l'occasion de dénoncer l'inceste, les violences pédocriminelles ou subies par les enfants dans le cadre conjugal.

Pour la première fois, un « cortège chrétien », porté par des « organisations chrétiennes féministes et LGBTQIA », a pris part au cortège parisien, « autour des victimes de violences sexistes et sexuelles dans nos Églises ». « C'est important de montrer qu'il y a plusieurs façons d'être catholique », a témoigné une participante, Alix Bayle, disant pousser « pour une réforme dans l'Eglise ».

NewsletterRecevez toute l'actualité internationale directement dans votre boite mail

Suivez toute l'actualité internationale en téléchargeant l'application RFI