Crise en Guadeloupe: les grévistes restent vent debout contre l'obligation vaccinale

Un mouvement social d'envergure agite en ce moment la Guadeloupe.
Un mouvement social d'envergure agite en ce moment la Guadeloupe. © Christophe ARCHAMBAULT / AFP

L'exécutif a vivement condamné lundi les violences urbaines et pillages qui ont lieu en Guadeloupe. Mais derrière la colère autour de l'obligation vaccinale qui agite l'île, se greffent aussi une série de revendications multiples. 

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Avec notre envoyé spécial en Guadeloupe, Pierre Olivier

Au centre hospitalier de Pointe-à-Pitre, les soignants qui refusent de se faire vacciner font grève. Tous parlent de leur dilemme : se faire vacciner pour continuer à travailler et à être payé ou, comme ils l'ont choisi, refuser le vaccin et ne plus être payé.

Mais très vite, au-delà de cette première revendication, lorsque l'on parle un peu avec eux, ces grévistes évoquent aussi d'autres problèmes, comme par exemple le chômage des jeunes qui gangrène la Guadeloupe. Gilles, un soignant de 54 ans, brosse un portrait plus général de cette crise sanitaire mais aussi sociale. « Dans une crise comme celle-là, effectivement il y a tous les cas de figure. Il y a nous qui revendiquons le fait qu’on ne veut pas se faire vacciner, on est contre l’obligation. Il y a les jeunes qui ont leurs problèmes. Il faut savoir que le taux de chômage est assez élevé, chez les jeunes d’ailleurs. Il y a des casseurs qui profitent de la situation pour aller casser. C’est vrai que c’est dommage. Cela fait partie des crises, malheureusement ».

Pas convaincus par les annonces de Castex

Après ces nuits de violence, l'impact sur le tourisme commence déjà à se faire sentir. La compagnie Air France constate un ralentissement des réservations à quelques semaines des vacances de fin d'année. Tous attendent de voir comment la situation va évoluer, l'appel au dialogue du Premier ministre Jean Castex les a en tout cas peu convaincus. 

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Ils étaient en effet plusieurs dizaines de grévistes réunis devant le centre hospitalier, sous de grands barnums, pour écouter les annonces du Premier ministre. Cette infirmière de 50 ans ne veut pas entendre parler d'un quelconque dialogue et elle demande le retrait de l'obligation vaccinale : « Jean Castex peut dire ce qu’il veut, il me convaincra pas. Moi, ce que je veux, c’est l’annulation pure et simple. Parce que, franchement, c’est le dégoût. Pour ce que j’ai donné dans ma vie, dans ma carrière, j’estime qu’on devrait me traiter autrement. Je ne céderai pas au chantage », lance-t-elle.

​Principal argument de ces soignants antivax : le manque de connaissance sur les effets secondaires du vaccin et la crainte que cela génère. « Sincèrement, moi ça m’effraie. Je dirais même plus, j’ai peur. À partir du moment où quelqu’un est effrayé, que quelqu’un a peur de quelque chose, pourquoi injecter quelque chose qu’on craint ? C’est sûr que cela ne fera pas bon ménage ».

« On n’a pas le droit de nous obliger à faire quelque chose »

Parmi les grévistes les plus jeunes, plusieurs disent comprendre ceux qui décident de bloquer des routes, parfois violemment, c'est le cas de Celio, ce brancardier de 30 ans. « J’admets qu’ils sont contre l’obligation vaccinale aussi, ils sont avec nous, parce que ce sont des enfants de parents soignants et qui comprennent qu’on n’a pas le droit de nous obliger à faire quelque chose. Sans oublier que ces jeunes-là, quand ils vont travailler, pour 35 heures à 1 200, 1 300 euros. On fait quoi avec ça ? Ils en ont marre ! », explique le jeune homme.

​Malgré les annonces de Jean Castex, tous les grévistes se sont donné rendez-vous mardi devant l'hôpital pour poursuivre la grève.

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