France: le préfet de Martinique instaure un couvre-feu «jusqu'au retour au calme»

Un habitant de Fort de France passe près d'une voiture brûlée et d'un barrage routier en Martinique, le 25 novembre 2021.
Un habitant de Fort de France passe près d'une voiture brûlée et d'un barrage routier en Martinique, le 25 novembre 2021. © LOIC VENANCE / AFP

Le préfet de Martinique, dans les Antilles françaises, a décidé jeudi 25 novembre d'instaurer un couvre-feu face aux violences urbaines nocturnes dans l'île, qui connaît comme sa voisine la Guadeloupe un mouvement de protestation, né d'un refus de l'obligation vaccinale des soignants, mais qui a dégénéré en crise sociale. Au moins dix personnes ont été interpellées en lien avec les violences qui ont perturbé la Martinique dans la nuit de jeudi à vendredi.

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Les autorités haussent le ton en Martinique. Il était jusqu'à présent possible de circuler jusqu'à 22h. Désormais, ce sera 3 heures plus tôt : à 19h, pour tout le monde sans exception. Avec pour objectif « le retour à une situation apaisée » qui « permet(te) ensuite de dialoguer, de travailler, d'avancer », mais également « le retour du service public et la réouverture du système scolaire », a expliqué le préfet Stanislas Cazelles.

Une mesure prise après 4 nuits émaillées de violences sur l'île, notamment aux niveaux des barrages routiers tenus la journée par des grévistes et qui se transforment la nuit tombée en bataille rangée contre les forces de l'ordre, rapporte notre envoyé spécial Pierre Olivier.

Le préfet a d'ailleurs annoncé que cette nuit, le dispositif policier serait renforcé et plus mobile pour pouvoir suivre les déplacements des casseurs et « cibler les points les plus difficiles ». « Des groupes d'individus ont commis des dégradations et installé des barrages », et « des actes de violence ont eu lieu à l'encontre des forces de sécurité », a argué le représentant de l'État qui a ajouté que « onze personnes » avaient été interpellées et « plusieurs armes » saisies.

Quatre journalistes ont été la cible de tirs dans la nuit de jeudi à vendredi à Fort-de-France. Des hommes sur deux motos ont tiré sur eux pendant qu'ils étaient en train de filmer et prendre des photos à bonne distance d'un barrage en feu. Aucun n'a été blessé mais plusieurs policiers ont été la cible de tirs depuis lundi, blessant légèrement nombre d'entre eux précise l'Agence France-presse.

A lire et écouter : Martinique: le mouvement de protestation et les barrages continuent

Mais pour le moment, aucun renfort venant de métropole n'a été annoncé, pas plus que la date de la visite du ministre des Outre-mer. Une réunion s'est également tenue jeudi matin entre les autorités locales et l'intersyndicale à l'origine des barrages routiers.

Seule annonce pour le moment, à la demande des syndicats, tous les voyageurs qui se rendent en Martinique depuis la métropole devront désormais se munir d'un test Covid négatif, et cela, même s'ils sont vaccinés.

Pour apaiser la situation, le Premier ministre français Jean Castex avait notamment annoncé lundi la création d'une « instance de dialogue » afin de « convaincre et d'accompagner individuellement, humainement », les professionnels concernés par l'obligation vaccinale.

Les jeunes souffrent d’un côté donc ils se manifestent par la violence. Je condamne carrément.

Reportage : Devant un entrepôt de bateaux ravagés par les flammes, les riverains dénoncent les violences

Au moins dix personnes ont été interpellées en lien avec les violences dans la nuit de jeudi à vendredi. Dix policiers ont été blessés en Martinique, dont cinq par balles et cinq autres par des projectiles, selon un nouveau bilan de la police communiqué à l'AFP. Un policier a été blessé au bras vendredi par des tirs provenant d'un barrage érigé à Fort-de-France, tandis qu'un autre a reçu un impact qui s'est logé dans son gilet pare-balles. Trois policiers du RAID ont été visés par des tirs de grenaille lors d'une intervention sur un barrage. Cinq autres ont été blessés par des projectiles, selon la police.

« Je leur apporte mon entier soutien. Tout est mis en oeuvre pour retrouver les responsables », a indiqué Gérald Darmanin sur Twitter.

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