Antilles françaises: Sébastien Lecornu évoque plus d'autonomie, la droite s'insurge

Les tensions restent fortes en Guadeloupe et en Martinique autour de la question de l'obligation vaccinale à laquelle sont venues s'ajouter des revendications économiques et sociales. Sur le terrain constitutionnel, le ministre des Outre-mer, Sébastien Lecornu, a évoqué la possibilité d'accorder une plus grande autonomie aux Antilles, suscitant de vives réactions.

Le ministre des Outre-mer, Sébastien Lecornu, s'adresse à la presse lors de son arrivée à Pointe-à-Pitre en Guadeloupe, le 10 août 2021 (Image d'illustration).
Le ministre des Outre-mer, Sébastien Lecornu, s'adresse à la presse lors de son arrivée à Pointe-à-Pitre en Guadeloupe, le 10 août 2021 (Image d'illustration). © CEDRICK ISHAM CALVADOS/AFP
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Un gouvernement « en panique », « prêt à lâcher » des territoires de la République pour satisfaire « des indépendantistes radicaux » : de Marine Le Pen à Xavier Bertrand en passant par Eric Ciotti, les candidats de droite et d'extrême droite à la présidentielle ont fustigé la proposition de Sébastien Lecornu.

« Il n'y a pas de mauvais débat » face à la crise, avait estimé le ministre des Outre-mer, affirmant répondre à des revendications de responsables politiques locaux. Mais cela tombe mal, selon le député Les Républicains Julien Aubert. Il pointe du doigt les difficultés déjà rencontrées avec le référendum sur l'indépendance d'une autre zone d'Outre-mer, la Nouvelle-Calédonie.

Le gouvernement n’a pas posé la problématique de l’autonomie comme stratégie à la résolution des problèmes, en particulier du problème sanitaire. Ce sont les élus qui, dans le cadre de la nécessité d’avoir un pouvoir davantage élargi, ont su gérer la possibilité d’une évolution statutaire.

Georges Calixte, politologue spécialiste des institutions antillaises

Dépendance de l'Union européenne

Le dossier de l'autonomie ressemble surtout à un contre-feu du gouvernement, incapable pour l'instant de répondre à la colère qui a envahi la Guadeloupe et la Martinique. En 2009 déjà, lors d'une autre crise sociale, Nicolas Sarkozy avait mis sur la table l'élargissement des prérogatives des collectivités antillaises et guyanaise.

Et la population avait préféré le statu quo, de nombreux pans de l'économie locale étant par exemple dépendants des aides européennes. Or, une autonomie élargie, comme en Polynésie ou en Nouvelle-Calédonie, ferait sortir les Antilles de l'Union européenne.

Les élus font reposer sur le gouvernement une part de responsabilité et vice versa. En même temps les partenaires sociaux estiment que l’Etat et les élus locaux sont responsables de la situation dans laquelle nous sommes. Il faut maintenant intégrer dans le débat des personnalités de la société civile, ainsi que des économistes et des universitaires, qui auraient cet avantage de pouvoir vérifier la faisabilité des décisions qui seraient prises.

Georges Calixte, politologue spécialiste des institutions antillaises

►À lire aussi : Nouvelle-Calédonie: le référendum sur l'autodétermination maintenu au 12 décembre

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