Présidentielle 2022: Éric Zemmour peine à passer du costume de polémiste à celui de candidat

Le candidat à la présidentielle de 2022, Éric Zemmour, sur le plateau du journal télévisé du soir de TF1, le 30 novembre 2021.
Le candidat à la présidentielle de 2022, Éric Zemmour, sur le plateau du journal télévisé du soir de TF1, le 30 novembre 2021. © Thomas COEX / POOL / AFP

Officiellement candidat à la présidentielle depuis ce mardi 30 novembre, Éric Zemmour était l'invité du journal de 20h sur TF1 où il est apparu tendu face à son intervieweur.

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C'est un plateau de télévision qu'il n'avait encore jamais fait. Au 20h de TF1, Éric Zemmour passe un cap. Pour la première fois, il a l'occasion de s'adresser aux Français, pas seulement à ses fans. Mais les questions restent les mêmes : sa vision des femmes, ses condamnations à l'incitation à la haine raciale. Difficile de changer de campagne pour le nouveau candidat.

« Vous n'allez pas comme ça ressortir mes phrases de mon livre, s'est ainsi exaspéré Éric Zemmour. Je ne suis plus le journaliste, l'écrivain. Je suis candidat à l'élection présidentielle. Donc, ce que j'aimerais, c'est que vous m'interrogiez sur mon projet et sur mon statut, pas sur ce que j'ai écrit. On ne va pas refaire la dizaine d'émissions que j'ai déjà faites depuis deux mois. »

Le candidat Zemmour a du mal à percer sous le visage du Zemmour polémiste, sans cesse renvoyé à ses thèmes de prédilection, analyse Julien Chavanne du service politique de RFI. L'entrée dans l'atmosphère sera compliquée à négocier pour un néo-candidat abîmé par ses derniers déplacements ratés. Il devra s'entourer d'une équipe opérationnelle, aller enfin à la rencontre des Français, proposer un vrai programme.

Éric Zemmour compte bien profiter de son grand meeting au Zénith de Paris dimanche prochain, le 5 décembre, pour donner un nouvel élan à sa candidature et faire oublier le trou d'air de sa pré-campagne.

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Une vidéo de candidature truffée d'images volées

Il faudra aussi éviter les maladresses qui peuvent coûter cher en justice. Dans sa vidéo de candidature d'une dizaine de minutes enregistrée il y a deux semaines et diffusée ce mardi sur 30 novembre les réseaux sociaux, Éric Zemmour a utilisé des dizaines d'extraits vidéo comme des reportages violents pour agrémenter ses propos. Un montage qui pose un problème : plusieurs auteurs de ces vidéos affirment n'avoir jamais été informés de cette utilisation. 

C'est le cas, par exemple, du journal Le Parisien, qui n'a pas été contacté par les équipes du candidat. De leurs côtés, les groupes France Télévision et Radio France demandent qu'Éric Zemmour s'acquitte des droits concernant les images reprises. France 24 et France Médias Monde regrettent l'utilisation d'images sans leur consentement dans cette vidéo de candidature. La société cinématographique Gaumont, dont des extraits de films comme Jeanne d'Arc sont repris, affirme, quant à elle, s'autoriser le droit d'engager des actions en justice.

Car, en cas d'infraction constatée, il pourrait s'agir d'une violation des droits d'auteurs, avec une peine pouvant atteindre 300 000 euros d'amende et trois ans d'emprisonnement. Interrogé mardi soir sur ces reprises sauvages de vidéos, Éric Zemmour a évoqué des querelles de juristes avant de trancher : « Je ne m'occupe pas de cela. » Du côté de son équipe de campagne, on assure que tous les droits d'auteurs ont été réglés ou sont en voie de l'être.

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Une candidature commentée à gauche comme à droite

Pour Sacha Houlié, député LaREM, la vidéo de candidature d'Éric Zemmour « est une tentative malheureuse de sauver une campagne désastreuse. C'est-à-dire qu'en réalité, vous avez une campagne qui prend l'eau de toute part et à la fin, vous avez cette mise en scène qui empreinte à la fois à la parodie et à la farce, qui reprend des codes un peu éculés et qui, finalement, est assez peu réussie. »    

Du côté du Rassemblement national (RN), c'est Sébastien Chenu, porte-parole du RN, qui a réagi à la vidéo de candidature du polémiste : « Il y avait zéro suspense sur la candidature d'Éric Zemmour, tout comme il y a zéro programme, zéro équipe, et probablement zéro maîtrise de soi comme on a pu le voir ces derniers jours. Donc, en fait, ça ne change pas grand-chose dans le décor. On savait qu'Éric Zemmour allait être candidat, on a bien compris qu'il l'est aujourd'hui. »

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