Analyse

Duel Ciotti-Pécresse: les enseignements du premier tour de la primaire LR

Deuxième acte pour la désignation du candidat de la droite pour la présidentielle française d'avril prochain. Les militants Les Républicains votent depuis ce vendredi matin 3 décembre par voie électronique pour le second tour surprise de la primaire. Il oppose le député des Alpes-Maritimes Éric Ciotti à la présidente de la région Île-de-France Valérie Pécresse. Exit donc Xavier Bertrand et Michel Barnier, donnés favoris. Quels enseignements faut-il tirer de ce premier tour ?

La participation devrait rester forte au deuxième tour de la primaire puisque elle atteignait déjà 39,2% vendredi midi, contre 25,2% seulement au même moment du premier tour.
La participation devrait rester forte au deuxième tour de la primaire puisque elle atteignait déjà 39,2% vendredi midi, contre 25,2% seulement au même moment du premier tour. Bertrand GUAY / AFP
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Un duel surprise

Il n'y a eu aucun sondage lors de cette primaire interne. Avec les 60 000 nouveaux adhérents LR inscrits depuis septembre et en capacité de voter, personne, pas même au parti Les Républicains, ne se risquait à faire des pronostics. Même si le résultat est serré et surprenant, Éric Ciotti et Valérie Pécresse sont sans doute les deux candidats qui ont donné le plus envie aux militants.

La présidente de la région Île-de-France s'est montrée pugnace dans les débats télé. À la sortie de ses réunions publiques, beaucoup applaudissaient son « énergie ». Les équipes de l'ancienne ministre du Budget ont aussi fait un travail de fourmi pour faire adhérer ou réadhérer ses partisans à LR. Enfin, elle a bénéficié de l'appui de plusieurs figures du sarkozysme.

Éric Ciotti a, lui, assumé la ligne la plus radicale, flirtant avec l'extrême droite. À l'aise dans sa position d'outsider, il a su en jouer lors des débats qui ont beaucoup tourné autour de ses thématiques de prédilection, à savoir la sécurité et l’immigration. Il a aussi été servi par une rentrée politique marquée par les provocations du polémiste d’extrême droite Éric Zemmour qu’Éric Ciotti a dit préférer à Emmanuel Macron.

► À lire aussi : Présidentielle 2022: duel surprise Ciotti-Pécresse pour le second tour du congrès LR

Ciotti à la première place, une droitisation du parti?

Lors de la primaire de la droite de 2016, c’était déjà le candidat le plus radical, François Fillon, qui était arrivé en tête. La première place d’Éric Ciotti, aux positions plus dures, vient confirmer cette tendance. Le député des Alpes-Maritimes propose par exemple un « Guantanamo à la française » et veut mettre fin au droit du sol. Il est constant depuis des années sur une ligne ferme, convaincu qu'elle fait écho aux préoccupations de la base LR.

Les cadres du parti relativisent cette droitisation en rappelant qu'Éric Ciotti est arrivé certes en tête mais avec seulement un quart des voix, 25%. Il n’empêche, cette tendance n’est pas l’apanage du député. Les trois autres principaux candidats, Valérie Pécresse, Michel Barnier et Xavier Bertrand, ont tous droitisé leur discours pendant la primaire.

Un camouflet pour les deux favoris : Xavier Bertrand et Michel Barnier

L'ancien négociateur du Brexit Michel Barnier a pris quelques heures pour encaisser son élimination. Après des années à Bruxelles, l’ancien ministre n'a sans doute pas comblé son déficit de notoriété. Et il s'est montré trop raide et en retrait dans les débats.

Mais le grand perdant, c’est Xavier Bertrand, le président des Hauts-de-France. Pour celui qui se préparait depuis des années et qui a tenté d'imposer sa candidature à la droite en partant dès mars dernier, c'est l'échec d'une stratégie. Peut-être est-ce le résultat d'un certain entêtement? S'il s'était plié à l'exercice du Congrès plus tôt, peut-être aurait-il pu convaincre davantage de militants. Xavier Bertrand et Michel Barnier ont appelé à voter pour Valérie Pécresse. 

Pécresse plus dangereuse que Ciotti pour Macron

« Le risque pour Macron, ce serait la victoire Pécresse. » Quelques jours avant le premier tour, certains au sein de la majorité s’inquiétaient d’une possible victoire de la présidente de l'Île-de-France. Un cadre de la majorité craint par exemple qu’elle ne morde sur l’électorat de centre-droit d’Emmanuel Macron, notamment à Paris et en Île-de-France où elle est très implantée. D’autres sources ne semblent pas craindre une victoire de Valérie Pécresse, pointant du doigt le fait qu’elle s'est fortement droitisée pendant la primaire LR.

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