Emmanuel Macron sur TF1: trop d'espace médiatique pour un président en campagne?
Le chef de l'État français s'est invité sur TF1 pour une interview au thème évocateur, « Où va la France ? », ce mercredi 15 décembre. De quoi faire bondir les adversaires politiques de M. Macron, qui l'accusent de faire campagne sans le dire.
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Peu importe les critiques, Emmanuel Macron décline son plan média sans coup férir et s'offre, avec un entretien d'une heure trente sur TF1, une exposition de choix.
Les fêtes de fin d'année sont souvent décrites comme le moment des discussions en famille, où la politique s'invite entre la dinde et la bûche de Noël.
Bref, le bon moment pour dresser le bilan de son quinquennat, dire ce qui a été fait, parler des réussites, mais aussi des crises traversées. Et enfin, donner à voir un peu plus la personnalité d'un président souvent jugé arrogant et déconnecté, fendre l'armure avant d'entrer en campagne. Peut-être aussi avancer quelques idées pour la suite. La stratégie, c'est d'ancrer dans l'esprit des Français que sa candidature est évidente.
Les oppositions crient au scandale et pressent le chef de l'État de mettre fin au suspense de sa candidature à l'élection présidentielle 2022. Valérie Pécresse, la candidate LR, dont l'émission prévue le même soir sur BFMTV a été annulée, a écrit au CSA, le régulateur de l'audiovisuel, pour exiger que ce temps de parole du futur candidat soit « décompté ». Car « à l'évidence, cette émission ne s'inscrit pas dans l'exercice de la charge de président de la République mais bien dans le cadre de l'élection présidentielle à venir », dénonce-t-elle.
À l'Assemblée nationale, ce mardi 14 décembre après-midi, le député de droite Philippe Gosselin a interpellé le gouvernement et réclamé aussi que le CSA décompte cette intervention du chef de l'État de son temps de parole de futur candidat présidentiel.
« Depuis septembre, le président fait campagne matin, midi et soir avec le chéquier de la France. Certes, ce n'est pas tellement nouveau. Mais dans des proportions pareilles, on n'a jamais vu ça. Comme ça ne suffit pas, on découvre que le président de la République en profite pour faire campagne à grand renfort de battage médiatique. L'émission qui sera diffusée demain soir est bien une émission de campagne, ni plus, ni moins. Personne ne s'y trompe, sauf que le président refuse de s'appliquer à lui-même les règles sur les temps de parole que doivent pourtant respecter tous les autres candidats. »
C'est un « président qui gouverne », défend la majorité. « Quand on cherche à convaincre les Français, on cherche à leur parler, pas à empêcher les autres de le faire. Quand on cherche à convaincre les Français, on cherche la cohérence. Vous êtes en train de dire l'exact inverse de ce que vous disiez il y a dix ans, quand vous défendiez à raison la légitimité du président Sarkozy à parler de son action face à la crise, jusque tard en 2012. Ce quinquennat, c'est un miroir de vos échecs et de vos renoncements. C'est pour ça que vous êtes gênés quand on s'exprime, c'est pour ça que vous êtes gênés quand le président s'exprime devant les Français, comme c'est sa légitimité de le faire. Alors laissez chacun s'exprimer et surtout laissez les Français s'exprimer », a répliqué le porte-parole du gouvernement, Gabriel Attal.
Aucune annonce de candidature n'est semble-t-il prévue dans l'émission de mercredi. « L'honnêteté » serait de dire qu'il est candidat, s'insurge Marine Le Pen, qui met en avant la loyauté due aux Français et l'égalité des chances à l'élection. Des accusations balayées par les soutiens d'Emmanuel Macron au prétexte que les présidents sortants ont toujours fait ça.
►À écouter aussi : « Emmanuel Macron, où va la France ? » : « Tous ses prédécesseurs l'ont fait »
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