Procès des attentats du 13-Novembre: la parole de l'ancien chef de la DGSI
Avant d'entamer une suspension de deux semaines, la 62e et dernière audience 2021 du procès des attentats du 13-Novembre a été grandement consacrée à l'audition de Patrick Calvar. L'ex-numéro un de la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) s'est livré à un exposé didactique sur la situation à laquelle faisaient face ses services à l'époque.
Publié le :
De notre envoyée spéciale, Laura Martel
Ses premiers mots sont pour les victimes, des mots « qui n'effaceront jamais la douleur », pointe Patrick Calvar. « Tout attentat est un échec, souligne-t-il, mais elles ne doivent pas douter de l'implication des services pour les empêcher ».
Pour les en convaincre, l'ex-patron de la Sécurité intérieure détaille les méthodes et moyens de l'époque. Des effectifs certes en hausse, 3 300 personnes, mais qu'il « fallait recruter, former » ; insuffisant face à l’ampleur inédite de la menace terroriste d'alors.
Et d'aligner les chiffres : 568 ressortissants français ou résidents présents en zone irako-syrienne, 156 enquêtes ouvertes, 9 000 fichés S. D'ailleurs, onze personnes impliquées dans les attentats l'étaient, mais la fiche S « n'est qu'une alarme », insiste Patrick Calvar.
« Ils arrivent sur le territoire le 12, ils frappent le 13, n'ont aucune base de repli ; donc on n'a aucune accroche, on est aveugle », explique le policier.
« On était noyé de données »
Il liste les difficultés auxquelles ses services étaient confrontés, comme les limites de la coopération européenne pour le contrôle aux frontières : « Tant qu'on n'aura pas la biométrie et l'interconnexion des fichiers, le fichage ne servira à rien », dit-il. Ou encore les enjeux techniques : « Internet est un outil majeur de Daech », « nous étions face au défi du cryptage et du big data, on était noyé de données qu'il fallait trier, prioriser ».
Pour Patrick Calvar, la lutte contre le « fléau » du terrorisme « est loin d'être terminée ». « Je veux être très franc », lance-t-il, « quelle société voulons-nous ? Si on veut plus de sécurité, il va falloir entrer plus de technologie. C'est possible, mais il faut qu'on accepte de limiter nos libertés individuelles. »
Reprise des audiences du procès des attentats du 13 novembre 2015 le 4 janvier 2022.
►Lire aussi : Tous nos articles sur le procès des attentats du 13-Novembre
NewsletterRecevez toute l'actualité internationale directement dans votre boite mail
Je m'abonne