Covid-19 en France: avant même sa présentation au Parlement, le passe vaccinal crispe

Contrairement à plusieurs pays européens, pas de mesures drastiques en France pour les fêtes. Le gouvernement mise sur la transformation du passe sanitaire en passe vaccinal. Un test négatif ne suffira plus pour prendre un train ou pour entrer dans un bar. Ce projet de loi suscite déjà de vives réactions, alors que les premières consultations commencent cette semaine.

L’Assemblée nationale a approuvé lundi 26 juillet le projet de loi relatif à la gestion de l’épidémie qui prévoit une extension du passe sanitaire à partir du début du mois d'août. L'impact sur l'économie de cette mesure est aujourd'hui incertain.
L’Assemblée nationale a approuvé lundi 26 juillet le projet de loi relatif à la gestion de l’épidémie qui prévoit une extension du passe sanitaire à partir du début du mois d'août. L'impact sur l'économie de cette mesure est aujourd'hui incertain. © AFP - Pascal Pochard-Casabianca
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Avec Anthony Lattier, du service politique de RFI

Les Pays-Bas se reconfinent, le Danemark ferme ses lieux culturels, l'Irlande interdit l'accès aux bars et restaurants le soir... Mais la France, elle, ne va pas sur ce terrain. Vendredi 17 décembre, le Premier ministre Jean Castex a annoncé une seule mesure forte : l'instauration d'un passe vaccinal.

C’est d’abord avec les sénateurs et les députés que le gouvernement va discuter, mardi 21 décembre, de la transformation du passe sanitaire en passe vaccinal. Un projet de loi sera présenté et débattu au parlement au début de l’année, pour une entrée en vigueur espérée à la fin du mois de janvier.

Pression sur les non-vaccinés

Ce débat politique ne manquera pas d’animer la campagne présidentielle. Du Rassemblement national (RN) à La France Insoumise (LFI), on dénonce déjà une atteinte de plus aux libertés. Le porte-parole du gouvernement, Gabriel Attal, assume sur LCI vouloir mettre la pression sur les non-vaccinés : « On souhaite que les personnes vaccinées puissent vivre quasi normalement. Cela implique que les personnes non vaccinées vivent malheureusement un quasi confinement. »

Le professeur Olivier Bouchaud, chef du service de maladies infectieuses et tropicales de l'hôpital Avicenne à Paris, ne tire pas la sonnette d'alarme quant à la situation dans les hôpitaux en France : « Elle est préoccupante, mais il n'y a pas de danger de saturation à très court terme, explique-t-il à Marine de la Moissonière, du service France de RFILa couverture vaccinale en France nous donne une petite marge de manœuvre que n'ont pas certains pays. Je pense que c'est cette différence qui fait qu'il est probablement suffisant d'avoir mis en place ces dispositions relativement moins contraignantes que dans certains pays. »

Les partenaires sociaux tiquent à propos d'un passe vaccinal au travail

Pour le moment, le gouvernement veut que le passe vaccinal s’applique dans les mêmes lieux que l’actuel passe sanitaire - les bars, les restaurants, les lieux culturels, les trains ou les avions. Mais une piste, jusqu’ici écartée, sera évoquée ce lundi 20 décembre au ministère du Travail avec les syndicats et le patronat : l’idée d’imposer un passe sanitaire au travail. Une idée qui a provoqué ce week-end une levée de boucliers des partenaires sociaux.

« Cette mesure posera d'énormes et très nombreux problèmes, prévient Yves Veyrier, secrétaire général de Force ouvrière, interrogé par Pauline Gleize, du service économie de RFI. Elle peut être, par exemple, source d'inégalité : si vous êtes sur un poste télétravaillable, vous pouvez négocier avec notre employeur le fait de télétravailler plutôt que de vous soumettre à un passe sanitaire. Celui ou celle qui n'est pas sur un poste télétravaillable n'aura pas cette alternative. Ne serait-ce que pour sa mise en œuvre, ce dispositif, à mon avis, n'est pas le plus efficace ni le plus opérationnel. »

Ruée sur les tests avant Noël

En attendant le passe vaccinal, à la veille des fêtes et avec le regain de l’épidémie de Covid-19, le monde afflue dans les centres de dépistage. À Nantes, le centre Léo-Lagrange a été ouvert spécialement par la mairie pour faire face à cette demande. Plus de 400 tests PCR et salivaires y ont été effectués dimanche, comme a pu le constater notre correspondant à Nantes, Matthieu Bonhoure. Personnes inquiètes ou cas contacts, elles voulaient toutes être certaines de ne pas avoir contracté le coronavirus avant de retrouver leurs proches.

« J'ai un repas de famille mardi soir. J'espère que ce sera négatif », souffle Yannick, cas contact. Stéphanie, elle aussi cas contact, doit annuler la visite prévue en Suède pour voir sa sœur : « Comme il y aura un délai de sept jours pour se refaire tester, mes plans sont annulés pour Noël. On commence à être las, à perdre espoir. »

Francky, lui, est venu par précaution. Il a prévu de rejoindre sa famille pour Noël. Mais en cas de résultat positif, il a déjà une idée en tête. « Si c'est positif, au pire on se rejoindra entre amis positifs et on fera une fête ensemble », sourit-il. Pour Clémence, venue avec son mari et leur fille, ce Noël 2021 se fêtera en tout petit comité : elle a été testée positive il y a quelques jours. « On va certainement annuler Noël. Avec ma maman immunodéprimée, on ne va pas prendre de risques », explique-t-elle.

Un reportage à paris de Tanguy Roman Clavelloux

Covid-19 en France: que faire pour Noël ?

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