Vaccination des enfants en France: de nombreux parents sceptiques

Au cœur de la cinquième vague de Covid-19, et alors que le variant Omicron en fait déjà craindre une sixième après les fêtes, la Haute autorité de santé a approuvé, lundi 20 décembre, la vaccination des enfants de 5 à 11 ans, sur la base du volontariat.

Un membre du personnel soignant vérifie la température d'une enfant qui vient d'être vaccinée contre le Covid-19 à Sélestat, dans le Bas-Rhin, le 21 décembre 2021.
Un membre du personnel soignant vérifie la température d'une enfant qui vient d'être vaccinée contre le Covid-19 à Sélestat, dans le Bas-Rhin, le 21 décembre 2021. AP - Jean-Francois Badias
Publicité

Déjà approuvée pour les enfants souffrant de comorbités, la vaccination contre le Covid-19 pour tous les enfants de 5 à 11 ans a reçu le feu vert de la Haute autorité de santé, ce lundi. Elle n'est pas contraignante : seuls les enfants dont les parents ont donné leur autorisation peuvent recevoir le vaccin de Pfizer/BioNTech. L'injection est calibrée pour cette tranche d'âge : elle est trois fois moins dosée que pour les adultes.

La vaccination pourrait commencer ce mercredi 22 décembre. Selon les experts, c'est un moyen de réduire la circulation du coronavirus. Le nouveau variant Omicron se répand peu à peu en France, comme partout dans le monde. Dans la soirée du mardi 21 décembre, le porte-parole du gouvernement, Gabriel Attal, a indiqué que le variant Omicron représentait désormais 20% des cas positifs.

À Paris, un cas sur trois pourrait être dû à ce mutant très contagieux. Sa diffusion fulgurante fait craindre une explosion des contaminations, plus importante que ce qu’elle n’est déjà depuis plusieurs semaines. Le nombre d’infections est à un niveau très élevé : plus de 50 000 cas quotidiens en moyenne sur les 7 derniers jours. C’est dans la tranche d’âge des 20-40 ans que l’incidence augmente le plus, et est la plus élevée : elle dépasse les 700 cas pour 100 000 habitants.

Nul ne sait pour l’heure quel impact la diffusion d’Omicron pourrait avoir sur les admissions à l’hôpital, car il y a de nombreuses questions sans réponse : son niveau de sévérité, mais aussi son niveau précis de résistance à l’immunité post-vaccinale, ou après une infection par un autre variant. Reste que le tiers des personnes qui pourraient déjà avoir fait la dose de rappel ne l’ont pas encore faite. Et 5,5 millions de personnes éligibles au vaccin n’ont pas reçu la moindre dose. Plus d’un million d’entre elles ont plus de 65 ans.

« Ma mère est un peu sceptique »

Sacha, 11 ans, collégien en classe de 6e, sera vacciné prochainement. Quand on lui demande à quoi sert le vaccin, il répond : « Se protéger soi-même, protéger les autres. Pour moi, ça ne sert pas tant à arrêter la maladie mais plutôt à diminuer les risques de l'attraper. Afin que, si on l'a, on ait une forme moins grave que sans vaccin. »

Il a rendez-vous en janvier pour se faire vacciner, bien que sa mère ne soit pas entièrement convaincue : « Elle est un peu sceptique. Je comprends vu que c'est nouveau. On n'en sait pas plus que ça. On nous dit de nous faire vacciner. Elle n'est pas complètement opposée, mais elle le fait quand même à contre-cœur. » Et ses professeurs ? « On va avoir une sortie au théâtre. La professeur ne nous influence pas sur le fait de se faire vacciner ou pas. Elle nous laisse le choix : soit faire un test, soit se faire vacciner. Comme on veut. »

« Il y a des inquiétudes »

Pour cette mère de famille interrogée, c'est un « non » catégorique : « Non, je ne ferai pas vacciner ma fille. Elle va très bien, je ne considère pas qu'elle ait besoin de ce vaccin. Il y a l'épidémie, certes, mais nous faisons attention à elle et aux gens autour de nous. Ils ne nous ont pas trop parlé des bienfaits ou quoi que ce soit à propos de ce vaccin. On ne connaît pas les conséquences, donc je préfère ne pas le faire. Tant que tout va bien, faisons attention plutôt que de se faire vacciner. »

Ce père de famille, lui, est prêt à faire vacciner ses enfants, mais non sans inquiétudes et interrogations : « Je ne préfèrerais pas. Je pense qu'il n'y a pas vraiment de danger pour les enfants. Je pense qu'on va le faire quand même, parce que ça favorise la baisse des contaminations. C'est important. Mais comme beaucoup de monde, on se pose des questions parce qu'il y a peu de recul et parce que ce n'est pas anodin. Il y a des inquiétudes. »

« Si on m'oblige, je le ferai »

Une mère se dit « réfractaire » car elle ne voit pas de réel avantage au vaccin contre le Covid-19 : « Pour tous les autres vaccins obligatoires comme la polio, il y a un intérêt fondamental pour les enfants. En revanche, pour celui-ci, non. »

Un père, vacciné tout comme son épouse, ne « souhaite pas pour le moment » que l'on vaccine les enfants : il craint « des risques avec des vaccins développés trop rapidement » et avance que « les enfants sont à l'âge où ils construisent leur système de défense immunitaire ».

Un autre père attend une éventuelle vaccination obligatoire : « Ce n'est pas que ça me fera plaisir. Mais si on m'oblige, je le ferai, en tant que citoyen et en faisant confiance à ceux qui connaissent mieux le sujet que moi. »

Consciente des obstacles à la vaccination des enfants âgé de 5 à 11 ans, la Haute autorité de santé a insisté lundi, dans ses recommandations, pour que cet acte « puisse se faire dans le cadre d'une décision médicale partagée, sans la rendre exigible ni obligatoire après avoir apporté, aux familles ainsi qu'aux enfants, une information claire et adaptée à leur âge, sur la connaissance des bénéfices et des risques liés à l'administration de ce vaccin ».

NewsletterRecevez toute l'actualité internationale directement dans votre boite mail

Suivez toute l'actualité internationale en téléchargeant l'application RFI