Covid-19: la France franchit le cap des 200 000 cas en 24 heures, le passe vaccinal à l'Assemblée

La France a franchi ce mercredi 29 décembre, pour la première fois, le seuil des 200 000 cas de contaminations au Covid-19 en 24 heures. Le ministre de la santé Olivier Véran parle d'un « raz-de-marée ».

Le ministre français de la Santé Olivier Véran, à l'Élysée à Paris, le 1er décembre 2021.
Le ministre français de la Santé Olivier Véran, à l'Élysée à Paris, le 1er décembre 2021. REUTERS - SARAH MEYSSONNIER
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« Des chiffres qui donnent le vertige », a lancé Olivier Véran devant l'Assemblée nationale ce mercredi. Plus de 208 000 nouveaux cas de Covid-19 ont été enregistrés dans les dernières 24 heures sur le territoire français. 

« Nous faisons face à deux ennemis », a souligné le ministre : le variant Delta, qui n'a pas dit son dernier mot, ainsi que « le variant Omicron, et là je ne parlerai plus de vague s'agissant d'Omicron, vu les chiffres que nous enregistrons depuis quelques jours dans notre pays. J'aurais tendance à parler de raz-de-marée. »

« 24 heures sur 24, jour et nuit, toutes les secondes dans notre pays, plus de deux Français sont diagnostiqués positifs au coronavirus, a poursuivi le ministre, qui craint une explosion des hospitalisations. Nous n'avons jamais connu une telle situation. Il y en a partout. Dans tous les territoires, dans tous les milieux et le virus circule très vite. »

Plus d'un million de Français positifs

« On est probablement ce [mercredi] soir, en comptant les cas d'aujourd'hui, à un million de Français qui doivent être positifs et qui sont diagnostiqués comme tels, auxquels il faut ajouter un certain nombre de personnes asymptomatiques qui ne sont pas testées, donc probablement plus d'un million de Français », a encore lancé Olivier Véran. 

Mardi soir 28 décembre, l'organisme Santé publique France avait annoncé près de 180 000 cas en 24 heures, ce qui constituait déjà un record.

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Face à la flambée des contaminations, « 10% de la population française est cas contact » et les non-vaccinés ont « peu de chances de passer entre les gouttes, le virus circule trop », a estimé le ministre, la voix grave, qui espère convaincre les non-vaccinés « indifférents » - « souvent des jeunes » se disant : « j'ai pas le temps, je vis ma vie » - d'adopter le passe vaccinal.

Lundi soir, Olivier Véran avait prévenu que la France pourrait « atteindre plus de 250 000 cas par jour d'ici au début du mois de janvier ». La nouvelle flambée de l'épidémie de Covid-19 a notamment provoqué plusieurs foyers de contaminations dans les prisons françaises.

D'après le ministère de la Justice, le bilan était, mercredi, de 370 cas sur 70 000 détenus et 448 cas parmi les 40 000 membres du personnel pénitentiaire. Des clusters ont été recensé à la prison de Perpignan, de Carcassonne ou de Béziers. Une situation qui inquiète Jean-François Forget, le secrétaire général du syndicat UFAP-UNSa Justice de l'administration pénitentiaire, au micro de Stéphane Duguet : 

« Si l'hémorragie provoque une pénurie chez les agents, il va falloir trouver des dispositions pour que la vie carcérale et la gestion des établissements soient ralenties : restrictions des parloirs, des activités, d'un certain nombre de choses qui viseront à garantir la sécurité des établissements et personnels. »

Une réunion est prévue au ministère de la Justice, mardi 4 janvier, pour évoquer la situation sanitaire en prison. « Les annonces qui seront faites seront, je l'espère, à la hauteur de la situation », glisse Jean-François Forget.

« Passe vaccinal » : le gouvernement accélère son calendrier

Initialement prévu pour une application fin janvier, le projet de loi prévoyant de transformer le passe sanitaire en passe vaccinal était examiné ce mercredi par la commission des lois au Palais Bourbon, quinze jours avant son entrée en vigueur espérée. 

Olivier Véran a défendu le texte, suscitant peu d'opposition, si ce n'est du groupe la France insoumise (LFI), dont la présidente Mathilde Panot a vivement critiqué le projet. Une nouvelle atteinte aux libertés, selon elle. 

Monsieur le Ministre, nous ne céderons pas à votre chantage qui consiste à opposer, en toutes circonstances, la protection de la santé et la sauvegarde des libertés.

Mathilde Panot, présidente du groupe LFI à l’Assemblée nationale

Des accusations d'atteintes aux libertés qui n'ont pas plu au ministre de la Santé. Olivier Véran a ainsi dressé un tableau comparatif des mesures sanitaires actuellement prises en Europe, pour démontrer la modération du gouvernement français.

Regardons ce qui se passe à l'étranger quand vous nous parlez de liberté, Madame la député, et quand vous dîtes qu'avec le passe on rogne sur la libertés des Français. Pays-Bas : confinement. Autriche : confinement. Allemagne : huis clos pour tous les événements sportifs, passe sanitaire, passe vaccinal et jauge dans certains Länder.

Olivier Véran, ministre de la Santé

Le texte sur le passe vaccinal sera ensuite discuté dans l'hémicycle à partir de lundi et au Sénat à partir du mercredi 5 janvier pour une entrée en vigueur prévue dès le 15 janvier.

Des députés ciblés par des menaces graves

Alors que le projet de loi sur le passe vaccinal a commencé à être étudié à l'Assemblée nationale, l’inquiétude monte dans les rangs des élus. Le garage et le véhicule d’un député de la majorité ont été incendiés dans la nuit de mardi à mercredi. La présidente de la commission des lois, Yaël Braun-Pivet (LaREM), a rendu public un message lui étant adressé, promettant de massacrer ceux qui voteraient en faveur du nouveau texte. Une situation quasi généralisée parmi les élus.

Ludovic Mendes (LaREM) ne veut pas céder aux menaces et compte bien mener jusqu’au bout son travail de député. Mais le député de la Moselle, interrogé par Aurélien Devernoix pour RFI, ne peut que constater la radicalisation des messages qu’il reçoit quotidiennement : « Au début, on nous expliquait qu'on était des dictateurs et qu'on serait jugé comme en 1789 parce que nous faisions des choses contre le peuple. Et puis, c'est monté crescendo, avec des menaces de faire exploser ma permanence, de me mettre une balle dans le dos, de me décapiter, de me dépecer... C'est tous les jours. »

La pression devrait encore monter entre les nouvelles mesures sanitaires et la campagne présidentielle. Au point que certains députés hésitent à se représenter. « Je comprends mes collègues qui se posent des questions, surtout quand on a des enfants. Moi, j'ai mes parents qui s'inquiètent. On a peur de faire peser sur les autres notre propre engagement », confie le parlementaire.

Les menaces et intimidations, Ludovic Mendes le sait, sont depuis longtemps le lot des élus. Mais cette intensité est nouvelle et le député s’interroge sur le rôle des responsables politiques : « Quand on pousse les gens les uns contre les autres – les ''pauvres'' contre les ''riches'', les ''Français de souche'' contre les ''autres''  –, on créé de la division. Aujourd'hui, j'aimerais qu'on puisse reprendre un peu de hauteur dans le débat politique et public. »

Cette semaine, plus de 50 députés de tous bords ont reçu des menaces de mort, à l’occasion du début de l’examen du projet de loi sur le passe vaccinal.

(Avec AFP)

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