Le procès du 13-Novembre de nouveau suspendu à cause du Covid

Salah Abdeslam était présent dans le box pour la première fois depuis le 25 novembre.
Salah Abdeslam était présent dans le box pour la première fois depuis le 25 novembre. AFP - BENOIT PEYRUCQ

Testé positif le 27 décembre, Salah Abdeslam, le principal accusé, avait été jugé apte à comparaître par un expert. Mais sa défense a réclamé une contre-expertise et l’audience de ce jeudi a tourné au débat médical.

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Par deux fois, l’experte qui a examiné Salah Abdeslam lundi puis mercredi a estimé que, du point de vue médical comme sanitaire, le principal accusé au procès du 13-Novembre pouvait comparaître. Mais alors que le premier rapport conditionnait la reprise de l'audience à « la négativité » du test PCR de Salah Abdeslam, le second rapport a noté qu'il était toujours positif même si c'était « à un titre très faible ».

La défense d’Abdeslam a donc demandé une contre-expertise, Me Vettes dénonçant une « fumisterie », puisque l’experte « s’est contredite en 48h » sur la nécessité d’un résultat négatif, tandis que Me Ronen renchérissait : « Il ne s’agit pas d’une manœuvre dilatoire », « l’enjeu est non seulement la santé de mon client, mais la sécurité de tous ».

En écho, les autres avocats de la défense ont mis en garde contre un risque de « contaminations en cascade », en particulier dans un box clos où se côtoient 11 accusés et une vingtaine de gendarmes, sans possibilité de respecter les gestes barrières comme l’aération ou la distanciation. Pour éviter un report de quelques jours, on risque un effet domino qui pourrait suspendre le procès plusieurs semaines, ont-ils plaidé. Un avis partagé par plusieurs parties civiles, tandis que d’autres soutenaient le ministère public en faveur d’une reprise immédiate, rapporte notre envoyée spéciale au palais de justice, Laura Martel.

Après deux heures et demie de débats au cours desquels certains ont semblé s’improviser médecins, puis trois heures de délibération, la cour a finalement ordonné la contre-expertise pour statuer sur l’état de santé de Salah Abdeslam, mais aussi sur le délai de contagiosité d’une personne non-vaccinée, ce qui est son cas.

Me Nogueras, conseil de l’accusé Mohamed Amri, se félicite de la décision d'une contre-expertise

Me Reinhart, avocat de l’association de victimes 13onze15 soutenait, lui, la position du ministère public, en faveur d’une reprise immédiate du procès, sur la base de l’avis favorable de la première experte. Mais il préfère prendre la décision de la cour avec « philosophie et pragmatisme ».

 

J'étais en face de M. Abdeslam et de l'ensemble des accusés, je peux vous dire qu'ils vont extrêmement bien. Ca souriait, ca papotait. Donc on est dans une manoeuvre de la défense qui essaie de faire gripper la procédure [...] Ca n'est que quelque jours, ça va. Pour l'instant, on maitrise encore le calendrier

Me Reinhart

L'audience doit reprendre mardi.

 

Le seul survivant des commandos du 13-Novembre était présent à l'audience pour la première fois depuis le 25 novembre. Le Français, qui a refusé de se faire vacciner « pour des raisons personnelles », a été testé positif au Covid-19 le 27 décembre, pendant la suspension du procès.

Après quatre mois d'audience, le procès doit entrer dans une nouvelle phase, celle de l'interrogatoire sur le fond du dossier des 14 accusés présents (six autres, donc cinq présumés morts, sont jugés en leur absence). En cas de reprise mardi, le premier à être interrogé par la cour sera Mohamed Abrini, ami d'enfance de Salah Abdeslam.

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