Nucléaire: l'EPR de Flamanville à nouveau retardé

Le réacteur nucléaire de nouvelle génération EPR en construction à Flamanville (Manche) n'en finit pas d'être retardé. Il devait être lancé à la fin de l'année. Ce sera plutôt mi-2023 désormais, annonce d'EDF ce mercredi 12 janvier 2022. 

La construction de l'EPR de Flamanville a débuté en décembre 2007.
La construction de l'EPR de Flamanville a débuté en décembre 2007. AFP/File
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« Le contexte industriel est rendu plus difficile par la pandémie » : le Covid-19 est responsable, selon EDF de cet énième retard de l'EPR de Flamanville initialement prévue en 2012, sa mise en service est désormais programmée pour le deuxième trimestre 2023 pour un coût estimé à 12,7 milliards d'euros.

Concrètement, avant de pouvoir commencer à y charger le combustible, il reste de nombreuses étapes à franchir. Des soudures défectueuses sont à revoir, une campagne d'essais est à venir. Il faut également éclaircir le scénario survenu en Chine, cet été. Un des deux EPR de conception française de la centrale de Taishan a été mis à l'arrêt fin juillet, à la suite d'un problème de fuite sans gravité, mais tout de même embêtant.

► À lire aussi : Chine : le réacteur nucléaire de l'EPR de Taishan mis à l’arrêt

Ces ennuis ne remettent pas en cause le modèle EPR, estime EDF qui peut s'appuyer dans ce marasme sur une bonne nouvelle : la mise en service de celui d'Okiluoto en Finlande le mois dernier, avec douze années de retard quand même. Il y en a donc deux en fonctionnement actuellement dans le monde en attendant de nombreux autres, espère EDF, notamment après l'annonce d'Emmanuel Macron de la construction de nouveaux réacteurs en France. Mise en service espérée vers 2035. 

Emmanuelle Galichet, maître de conférence au Cnam et spécialiste du nucléaire partage ce constat et estime également que ce retard n'impacte que légèrement le programme de l'EPR.

On a besoin de plus de temps et il y a des choses qui doivent être testés sur cet EPR, je ne pense pas que ça puisse remettre en cause la stratégie nucléaire dans le futur pour la France. (…) Les quelques mois qu’ils donnent rentre encore dans le planning général

Emmanuelle Galichet, maître de conférence au Cnam, spécialiste du nucléaire

« Ce n’est pas une option qu’il faut retenir »

En revanche, pour les associations écologistes, cet énième retard montre que la technologie développée n'est pas fiable. « On avait un chantier qui initialement devait coûter 3 milliards d’euros, on en est déjà à plus de 19 milliards et on va probablement franchir la barre des 20 milliards, donc un coût qui a été multiplié par six. L’EPR est beaucoup trop cher, ce n’est pas une technologie qui est fiable donc ce n’est pas une option qu’il faut retenir pour la transition énergétique de la France », estime Nicolas Nace, chargé de campagne transition énergétique à Greenpeace.

Il espère que cette question du nucléaire sera débattue lors de l'élection présidentielle dans le pays prévue en avril prochain. « Ce que l’on prône nous, c’est une sortie progressive du nucléaire et une montée en puissance des énergies renouvelables. Il y a de nombreux rapports scientifiques qui disent que c’est possible mais c’est une question de volonté politique et de choix de société. Et nous on aimerait que ce débat soit posé », rajoute-t-il. 

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