Coupe du monde 2018

Ekaterinbourg se prépare pour la Coupe du monde de 2018

Le 28 octobre doit avoir lieu la réunion du conseil de surveillance du comité d’organisation Russie 2018. Joseph Blatter, président de la FIFA, Jérôme Valcké, secrétaire général, seront présents à cette réunion, sous l’égide du président Poutine, pour marquer l’entrée dans l’étape finale des préparatifs. Le gouvernement maintient son engagement de construire 12 stades dans 11 villes. Rencontre avec Serguey Touchin, chargé des grands évènements à la mairie d’Ekaterinbourg, seule ville participante située en Asie*.

Le stade actuel peut accueillir jusqu’à 27 000 personnes.
Le stade actuel peut accueillir jusqu’à 27 000 personnes. RFI/Muriel Pomponne
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RFI : Quels sont les travaux nécessaires à l’accueil de la Coupe du monde de football en 2018 ?

Serguey Touchin: L’organisation des événements de grande envergure fait partie de la stratégie de développement de la ville. Les autorités et le monde des affaires ont donc fait des efforts afin de créer les infrastructures permettant leur organisation. Tout d’abord, notre aéroport est l’un des plus modernes de Russie. La capacité d’accueil dépasse les huit millions de passagers par an. Concernant l’infrastructure hôtelière, à l’heure actuelle Ekaterinbourg possède suffisamment de places pour les exigences de la FIFA. Il est donc inutile de construire des hôtels qui ne serviraient que pendant la Coupe du monde. Donc tout cela nous permet d’être tranquilles, de ne pas nous inquiéter devant les exigences très élevées de la FIFA.

Nous avons aussi appris, notamment chez nos partenaires européens, que l’un des aspects principaux, c’est la question du patrimoine. Tout site qui sera créé, que ce soit pour le Championnat ou tout autre événement, devra être inscrit dans la pérennité, et il faut indiquer clairement comment il sera utilisé ultérieurement. C’est à travers ce prisme de patrimoine que nous étudions tous les sites qui seront construits pour le Mondial.

Allez-vous construire un nouveau stade ?

La question principale, c’est le stade. Il faut dire ici que la FIFA nous a, en partie, simplifié le travail, car elle a assoupli ses exigences en diminuant le nombre de places nécessaires pour un stade destiné aux matchs du Championnat du monde. Avant, il fallait au moins 45 000 sièges. Ce qui pour Ekaterinbourg aurait signifié la démolition du stade existant, l’Arène sportive centrale, et la construction d’un nouveau site sur un emplacement exigu. Ce qui n’était pas évident, car une partie du site, notamment une partie de ses murs, a aussi une valeur historique et culturelle.

Aujourd’hui le nombre de sièges exigé pour les spectateurs a diminué à 35 000, ce qui nous permet de reconstruire le stade dans des conditions plus confortables. Actuellement il peut accueillir jusqu’à 27 000 personnes. Nous allons rehausser les tribunes, surélever les toits, et créer des infrastructures temporaires. Ce qui fait que les dépenses initialement prévues de 15 milliards de dollars seront diminuées par trois. Et nous aurons un stade moderne tout en préservant notre patrimoine historique et culturel.

Selon les exigences de la FIFA, la ville devrait également avoir trois terrains de football pour les entraînements, aussi modernes et de la même qualité que le terrain pour les matches officiels. A l’heure actuelle nous rénovons quatre stades d’entraînement, sur lesquels s’entraînement déjà les écoles de sport, notamment pour les jeunes. Et nous essayons de créer un cluster sportif autour de chaque terrain, avec un centre de sport et de remise en forme pour ceux qui veulent faire du sport.

Serguey Touchin, chargé des grands évènements à la mairie d’Ekaterinbourg, seule ville participante au Mondial 2018 située en Asie.
Serguey Touchin, chargé des grands évènements à la mairie d’Ekaterinbourg, seule ville participante au Mondial 2018 située en Asie. RFI/Muriel Pomponne

Par exemple, le complexe sportif Kalaninnets, près duquel on est en train de construire un terrain pour l’athlétisme, va comprendre, en plus stade de football, un « palais de glace ». Et tout cela sera inscrit dans le cadre du parc existant. Le Championnat du monde agit donc comme un accélérateur qui nous permet de créer ces clusters sportifs. Un autre exemple : le parc et le stade Khimmach, où de la même façon on va créer une base pour faire du ski, une patinoire de hockey, un terrain pour le hockey sur gazon, un terrain de football et une salle de sport.

Qu'est-il prévu pour l’accueil des supporters et leurs déplacements ?

D’après les exigences de la FIFA, dans les villes organisatrices doivent être prévus des festivals pour les supporters, et des « Fan zones ». Cette année nous avons déjà organisé un festival de supporters, et nous avons créé dans notre parc central un terrain qui peut accueillir 5 000 personnes, qui fonctionne comme un lieu destiné à l’organisation de toutes sortes de grands événements pour la ville, que ce soit pour des manifestations culturelles ou sportives.

Le festival de supporters sera organisé de la même manière en 2018. Et, donc, la création des ces « Fan zones » est aussi inscrite dans la reconstruction des parcs qui feront partie, ultérieurement, des clusters de loisirs et de sport, avec des espaces pour les cyclistes, le skateboard, le carting, etc.. Le terrain construit cette année peut accueillir 5 000 personnes, mais pour le championnat il faudra une capacité de 35 000 personnes. De nouveaux terrains vont donc être ajoutés dans la perspective d’une utilisation pour d’autres activités et manifestations.

Il est aussi très important d’utiliser le championnat afin de développer notre infrastructure de transports : introduire des tramways et bus à plancher bas, des bus écologiques, des trolleybus modernes. Nous souhaitons aussi moderniser notre réseau d’autoroutes et nous avons des projets déjà bien avancés de reconstruction des rues et des carrefours. Après, c’est une question de financement. La première rue qui sera concernée par les travaux, sera l’avenue Lénine jusqu’à la rue Tatichtchev, avec la construction de grands immeubles et avec la reconstruction du réseau d’autoroutes autour du stade central. Actuellement, il y a une quinzaine de projets de constructions de croisements et de ponts qui sont à l’étude, dont quatre ou cinq seront construits obligatoirement. Si nous avons des ressources supplémentaires, nous en ferons plus.

Le stade va devenir plus moderne tout en préservant son patrimoine historique et culturel.
Le stade va devenir plus moderne tout en préservant son patrimoine historique et culturel. RFI/Muriel Pomponne

Une autre question d’importance primordiale, qui n’est pas de l’ordre matériel, mais très importante pour nous, est de profiter du Championnat pour augmenter l’intérêt pour le football, et le sport, et en général une vie saine et sportive. C’est probablement la chose la plus importante pour nous. Une autre question cruciale, c’est le développement des infrastructures pour les cyclistes et pour les personnes handicapées. C’est l’une de nos priorités, même s’il n’y avait pas eu de championnat. Cela nous oblige davantage à penser à baisser les bordures, à acheter les équipements spéciaux, à créer des pistes cyclables, etc.

Comment vont être financés ces projets ?

Les sources de financement sont le budget fédéral, le budget de la région, le budget municipal et les investissements privés. Il est très important que la situation avec le financement soit transparente. Actuellement, il est clair que le stade sera reconstruit sur le budget fédéral. Tout ce qui concerne les réseaux de transports et autoroutes, renouvellement du parc de transport, ce sont les budgets locaux de la région et de la municipalité. A ce jour il est prévu que 4,5 milliards de roubles doivent être investis dans ces réseaux d’Ekaterinbourg. Tout ce qui concerne l’industrie hôtelière, ce sont les investissements privés à 100%.

En ce qui concerne l’infrastructure pour les cyclistes, les piétons, les structures facilitant l’accès pour les handicapés, c’est le budget municipal. Pour la ville, cela apportera des infrastructures sportives, une impulsion pour le développement de la ville et pour l’amélioration de son image. A ce jour, les projets sont élaborés et prêts pour tous les sites concernés. Les délais de leur réalisation sont définis, notamment, le projet du stade, des terrains, et du réseau des autoroutes.


*Ekaterinbourg est la troisième agglomération de Russie avec près d’un million et demi d’habitants. C’est un important centre industriel, au cœur d’une région riche en minerais, pétrole et gaz. Elle avait déjà fait acte de candidature pour l’Exposition universelle de 2020, mais Dubaï lui avait été préférée. La ville, qui possède l’une des meilleures équipes de basket féminin d’Europe, a accueilli la finale de l’Euroligue féminin en 2014.

Les autres villes hôtes de la Coupe du monde 2018 sont Kaliningrad, une enclave russe située entre la Lituanie et la Pologne, Saint Petersbourg, Moscou, Nijni Novgorod, à l’Est de la capitale, Saransk, Kazan et Samara, plus au sud, Rostov sur le Don, à la frontière avec l’Ukraine, Volgograd et Sotchi, non loin du Caucase.

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