La Finlande fête ses 100 ans
Depuis quelques années, l’Europe semble lorgner sur les réussites sociales novatrices de la Finlande. Education, égalité homme-femme, écologie : le pays d’à peine 5,5 millions d’habitants expérimente toujours et encore, jusqu’à devenir un exemple ces derniers temps avec le revenu universel. Est-ce sa jeunesse qui lui donne des ailes ? Car la Finlande n’a que 100 ans et fête, tout au long de 2017, une indépendance chèrement gagnée.
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« Ensemble » : c’est le thème qu’a choisi la Finlande pour fêter son premier siècle. « Dans la société finlandaise, explique Nora Klami, conseillère à l’ambassade de Finlande en France, tout est dans le partage. Car la création et la construction de la nation finlandaise furent en leur temps le fruit d’efforts conjugués ». Plus de 2 000 évènements dans le monde ont donc été prévus, avec de grandes fêtes bien sûr, comme au jour de l’an à Helsinki où toute la ville était dehors. « Cependant, insiste la conseillère, on laisse l’opportunité à chacun et à chaque institution de programmer ses propres célébrations ». Car il fut un temps où la Finlande n’était pas « ensemble ». La guerre civile, même, déchira le pays.
La Finlande d’hier
Il y a 10 000 ans, l’Europe du Nord était recouverte d’une couche de glace qui finit par fondre : c’est alors que des peuples issus du sud commencèrent à coloniser la région aujourd’hui connue sous le nom de Finlande. Douze siècles plus tard, au moment des croisades, le Royaume de Suède met la main sur son voisin de l’est. Pendant 600 ans, la Finlande est rattachée à la Suède, jusqu’à ce que les Russes, après une guerre sans merci s’empare du pays en 1808. Le territoire devient alors un grand duché sous domination russe, mais conserve sa législation et son administration, les fondations de la future Finlande. Au milieu du XIXe siècle, le peuple commence à se rebeller et profite de la chute de l’empire russe lors de la Première Guerre mondiale pour déclarer son indépendance le 6 décembre 1917.
« Dans nos familles nombreuses à l’époque, cette indépendance a parfois été mal vécue, explique Riitta, 68 ans, habitante d’Helsinki. Des frères se sont entretués pour le pays. C’est pour cela que ce centenaire est à la fois une fête patriotique, mais aussi une commémoration. »
Une Finlande définitivement moderne
L’histoire a donné à la Finlande, un des plus grands pays d’Europe en superficie, le pouvoir d’aller de l’avant, d’expérimenter, de voir vers l’avenir dans la sérénité. « Nous nous sommes battus pour la liberté, en 1917 comme en 1939-45 contre les Russes, explique Riitta. Et même si nous l’avons chèrement payé après la Seconde Guerre mondiale, ce centenaire est un véritable symbole de ce qu’un peuple peut faire pour son indépendance. »
Depuis un siècle, la Finlande tente donc de construire une sorte de société idéale. Sonia, Franco-Finlandaise née en France, voit son deuxième pays comme une « belle démocratie ». « Entre l'égalité des sexes (plusieurs femmes ont été présidentes), la liberté de la presse, une éducation en constante évolution et une véritable politique efficace de protection de l’environnement, je passe mon temps à expliquer aux gens à quel point ce pays peut-être un exemple. En matière d’écologie notamment, ils ont 30 ans d’avance sur nous ». Bien sûr tout n’est pas rose : 8,9% de chômage pour 5,5 millions d’habitants ; nationalisme et extrême droite prennent de plus en plus de place et l’alcoolisme continue à faire des ravages.
Mais pour Valtteri, 20 ans, jeune Finlandais d’Oulu, plus grande ville du nord du pays, la société finlandaise est un modèle : « La santé pour tous, les universités gratuites, le respect de la nature… après avoir voyagé au Brésil, en Australie et en France, je me rends compte de la chance que nous avons en Finlande et je pense sincèrement que c’est le pays de l’avenir ».
Célébrations
Valtteri profite d’ailleurs de son séjour à Paris pour faire connaitre son pays. Plusieurs évènements sont organisés dans l’Hexagone pour célébrer les 100 ans de la Finlande et notamment à l’Institut finlandais où les visiteurs sont invités à vivre comme dans un village finlandais à l’ancienne appelé Koti. « C’est une formidable opportunité de vivre un moment culturel finlandais, explique la directrice de l’institut, Meena Kaunisto. On propose des films, documentaires, dessins animés à nos invités pour s’imprégner de notre façon de voir la vie ».
Le musée du Quai Branly a décidé de faire découvrir la Laponie avec l’exposition Sur les traces de Sàmis à partir d’avril et l’ambassade de Finlande propose sur le parvis des Invalides en septembre une exposition de photos en plein air.
A l’image du pays, les festivités restent humbles, sans paillettes. Mais 2017 est déjà ancrée comme l’année d’une Finlande qui donne envie. Plébiscitée par les plus grands documentaristes comme Michael Moore, qui, avec le film Where to invade next montre la réussite du système éducatif finlandais, mais aussi par les plus grands journaux comme The Independent qui a classé le pays 1er au monde en matière de niveau de vie de la population, la Finlande s’offre une année de fierté.
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