A Istanbul, l’opposition syrienne est au bord de l’implosion
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Trois diplomaties sont à la manœuvre pour jeter les bases d'une conférence mondiale sur la Syrie : les Etats-Unis, la Russie et la France. Laurent Fabius accueille d’ailleurs ce lundi soir 27 mai, à Paris, ses homologues Serguei Lavrov et John Kerry pour des discussions sur le sujet. Eclaircies d'un côté, avec l'accord du régime de Damas. Nuages de l'autre avec la crispation de l'opposition syrienne qui a fait étalage de ses divisions au terme de quatre jours de réunion en Turquie.
Minée par les rivalités et les divisions internes autant que menacée par les influences et pressions extérieures, la Coalition de l’opposition syrienne est paralysée, au bord de l’implosion. En quatre jours de débats houleux, elle n’a en effet toujours pas réussi à élargir l’assiette de ses délégués, en accueillant 21 nouveaux représentants en plus des 63 actuels. L’enjeu de cet élargissement était d’ouvrir la représentation à de nouvelles tendances, kurde ou Turkmène par exemple, mais aussi surtout à la gauche laïque du chrétien Michel Kilo, qui réclame pas moins de 37 sièges.
Poussé en cela par l’essentiel des pays réputés amis de la Syrie, arabes ou occidentaux, qui menacent de retirer leur soutien à l’opposition, c’est son appétit démesuré qui bloque la refonte de la Coalition, qui par ailleurs doit élire un nouveau président et designer un nouveau Premier ministre, là encore sous influence extérieure.
Une légitimité engagée
Au prétexte de réduire le poids des Frères musulmans, ces pressions entravent complètement les travaux de la fragile opposition syrienne, et ce au pire moment : celui de s’asseoir à la table d’hypothétiques négociations avec le pouvoir syrien en place pour une transition pacifique.
Et au-delà, ce sont sa crédibilité et sa légitimité devant le peuple syrien qui, une fois de plus, sont en danger.
L'embargo sur les armes levé?
Voilà pour le volet politique. Car du point de vue militaire, ce lundi sera peut-être une journée à marquer d’une pierre blanche. Les ministres européens des Affaires étrangères ont rendez-vous cet après-midi à Bruxelles. Ils sont appelés une nouvelle fois à trancher : faut-il lever l'embargo sur les armes et permettre la livraison de matériel aux militants de la révolution ?
La décision sera scrutée de très près par l'état-major de l'Armée syrienne libre (ASL), car la rébellion cède du terrain face aux forces loyalistes dans la bataille de Qousseir. Une source anonyme a ainsi indiqué à l'Agence France-Presse que cette ville stratégique du centre de la Syrie est désormais contrôlée à 80% par l'armée syrienne et le Hezbollah.
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