Les États-Unis placent NSO, le groupe israélien concepteur de Pegasus, sur sa liste noire
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La société informatique israélienne NSO est ajoutée à la liste noire américaine des sociétés interdites. C’est le département américain du Commerce qui l’annonce pour des raisons de sécurité nationale. La société est à l’origine du logiciel espion Pegasus qui s’est retrouvé au cœur de révélations, l’été dernier.
Des journalistes, des militants, des chefs d’entreprise et des hommes politiques dont le président français Emmanuel Macron, la liste des personnalités espionnées via le logiciel installé dans leur téléphone est fournie.
Ces programmes informatiques « ont permis à des gouvernements étrangers de faire de la répression au-delà de leurs frontières pour réduire au silence toute voix dissonante », indiquent les autorités américaines dans un communiqué.
Concrètement, la société NSO n’a plus le droit de vendre ses produits aux États-Unis, d’importer certains produits américains ou de recevoir des transferts de technologies de sociétés américaines, explique notre correspondant à Washington, Guillaume Naudin,
Pour cela, NSO doit demander une autorisation spéciale que par défaut elle n’a pas. Elle rejoint ainsi une liste où figurent notamment des entreprises de hautes technologies chinoises. Cette liste a d’ailleurs été utilisée par l’administration Trump dans le cadre de sa guerre commerciale avec la Chine.
L’administration Biden l’utilise aussi contre les entités qui profitent de la répression au Xinjiang ; des organisations iraniennes sont aussi dans la liste. Le président américain Joe Biden veut que le respect des droits humains soit au cœur de sa politique étrangère. Bien qu’Israël soit un allié des États-Unis, le département du Commerce explique que les autorités américaines travaillent à « mettre fin à la prolifération des outils numériques utilisés à des fins de répression ».
Une décision dénoncée à Tel-Aviv
Le groupe NSO, plaide la bonne foi, et se dit « consterné » par la décision américaine, rapporte notre correspondant à Jérusalem, Sami Boukhelifa. Sa mission désormais est de tout faire pour sortir de cette liste noire dans laquelle Washington vient de le classer.
À Tel Aviv, les dirigeants de NSO affirment respecter « rigoureusement les droits de l’homme ». Selon eux, leur logiciel Pegasus, vendu à des gouvernements étrangers avec l’approbation du ministère de la Défense israélien, a été détourné de sa fonction initiale.
Et pourtant, l’objectif de Pegasus est clair. Lorsque ce logiciel s’attaque à un smartphone, un téléphone intelligent, il récupère les messages, photos, et contacts qui y sont stockés. Et il permet même d'activer à distance les micros de l’appareil.
Mais face à Pegasus, tout le monde n’est pas logé à la même enseigne. Dans ses contrats, l’entreprise israélienne interdit d’espionner les numéros de ses alliés américains et britanniques. Et afin de désamorcer la crise avec la France, victime de ce logiciel, les responsables israéliens auraient proposé à Paris de considérer à l’avenir les téléphones français « intouchables ».
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