À la frontière libano-israélienne, la récolte des olives échappe aux crises
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En pleine crise économique, les paysans du Liban comptent sur la récolte des olives pour renflouer les caisses, alors que beaucoup ont sombré dans la pauvreté ces derniers mois, étranglés par la hausse des prix, la sécheresse, les coupures d’électricité et les pénuries d’eau. Dans le sud du pays, à la frontière avec Israël, la récolte a été particulièrement bonne, et les paysans ont pu travailler malgré les tensions entre les deux pays.
Avec notre envoyé spécial à la frontière libano-israélienne, Noé Pignède
Dans son champ du village d’Ayatroun, Saïd Abbas cueille méticuleusement les fruits de ses arbres centenaires. Des olives bien charnues, les dernières d’une récolte qui aura duré une semaine.
Le sourire aux lèvres, il se réjouit de la quantité comme de la qualité de sa cueillette : « La récolte est très bonne ! Dieu nous aide, il donne vie à ces arbres. On prend soin de cette terre. Depuis mes grands-parents et même mes arrières grand-parents, nous travaillons dur ici. »
Mais l’oliveraie de Saïd Abbas n’est pas une exploitation agricole comme les autres. À une vingtaine de mètres devant lui, un mur de barbelés barre l’accès à une partie de son terrain. Derrière, se trouve l’État d’Israël.
Un champ coupé en deux
Depuis la fin de l’occupation du Sud-Liban il y a 21 ans, et le tracé de la ligne bleue, qui marque la séparation entre les deux pays, son champ est coupé en deux. « Ce terrain, d’ici à là-haut, est un territoire disputé. C’est problématique, parce que les Israéliens disent que c’est à eux. Mais c’est à moi et mes frères ... Nous avons des documents officiels pour le prouver. Nous avons donné notre sueur et notre sang pour cette terre. On ne va pas l’abandonner. »
Ce quinquagénaire affirme avoir été menacé plusieurs fois par des soldats israéliens qui patrouillaient l’autre côté des barbelés. Seuls les véhicules blindés des Nations unies, chargés de maintenir la paix à la frontière, viennent rompre le silence. Pas de quoi détourner Saïd Abbas de son travail : il espère cette année produire près de 150 litres d’huile d’olive, de quoi faire vivre sa famille pendant plusieurs mois.
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