Migrants: Bagdad va rapatrier 200 Irakiens bloqués en Biélorussie
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Un vol de rapatriement est prévu ce jeudi 18 novembre pour au moins 200 Irakiens bloqués à la frontière entre la Biélorussie et la Pologne, « sur la base du volontariat », selon les autorités de Bagdad. Plusieurs milliers de personnes, dont une grande partie vient du Kurdistan irakien, sont prises au piège au cœur d'un bras de fer diplomatique entre les deux pays.
Rebin Sirwan est journaliste kurde irakien. Menacé dans sa région, il est parti comme beaucoup d'autres vers l'Europe. La route par la Biélorussie semblait la plus sûre, mais la frontière polonaise s'est subitement fermée. Il s'est trouvé bloqué.
« Tant que vous ne l'avez pas vécu, vous ne pouvez pas vous imaginer ce que c'est, confie-t-il. Il fait froid, il n'y a pas d'eau ni de nourriture, la police vous tape. Quand on allait voir la police biélorusse, en leur disant qu'on voulait retourner en Biélorussie, ils nous frappaient et nous disaient que nous étions obligés d'aller en Pologne. Ils nous ont beaucoup frappés, ils nous ont volé nos affaires, notre argent. »
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« Ils m’ont frappé avec une matraque électrique »
Au bout d'une semaine, un policier a accepté de faire sortir Rebin de la zone surveillée contre 200 euros. De retour à Minsk, il a pensé pouvoir demander l'asile politique en Biélorussie.
« Je leur ai dit que j'étais journaliste et que ma vie était en danger dans mon pays, poursuit-il. Au lieu de m'aider, ils m'ont emmené de force à l'aéroport pour m'expulser. En moins de deux heures, sans même avoir enregistré ma demande, ils m'ont détenu à l'aéroport puis placé dans un avion où ils m’ont frappé avec une matraque électrique. Franchement, tout m'est arrivé pendant ce voyage. »
Pourtant, Rebin se prépare déjà à repartir dans quelques jours. Il prendra une autre route, cette fois. Mais il est déterminé à arriver en Europe.
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« Je veux partir, parce qu'ici, c'est mieux de mourir »
Le premier vol affrété par L'Irak pour rapatrier environ 200 ressortissants qui le souhaitent de Biélorussie, c'est très peu, comparé aux milliers d'Irakiens toujours bloqués à la frontière et ne perdent pas espoir de passer en Europe. Très peu, également, comparé à ceux qui tentent toujours de partir depuis l'Irak. Notre correspondante dans le pays, Lucile Wassermann, est allée à leur rencontre.
À l'image de Sheko, qui enchaîne les allers-retours dans une usine au nord de l'Irak, de larges sacs remplis de grains sur les épaules. Son frond dégouline de sueur. Ce jeune Kurde de 22 ans travaille ici pour une petite centaine d'euros par mois. Quand il a vu une route s'ouvrir vers l'Europe, il n'a pas hésité une seconde.
« Notre vie n'est pas heureuse ici, vous savez, confie-t-il. On est beaucoup à vouloir fuir cette lutte de tous les jours. Je veux partir, parce qu'ici, c'est mieux de mourir en fait. Quand on vit, on lutte, c'est tout. Et c'est sans fin. »
3 500 euros pour le visa, le vol et l'hôtel en Biélorussie
Il nous emmène chez lui, en périphérie de la ville, où ses affaires sont déjà prêtes. Elles tiennent toutes dans un petit sac à dos rouge : « Ce pull est très chaud, c'est super pour le voyage. Sinon j'ai des chaussettes, un chargeur. »
Et puis surtout, son visa pour la Biélorussie qu'il a payé 3 500 euros avec le vol et des nuits d'hôtel, via un intermédiaire, trouvé sur un groupe de la messagerie Telegram.
Il sort son téléphone portable puis explique : « Voilà, c'est ça les groupes d'entraide, tu demandes tout ce que tu veux ici, tu envoies ta question, et quelqu'un va directement te contacter en messages privés. Moi, on m'a dit que ce mec était fiable, qu'il pouvait m'avoir le visa en Iran, donc je l'ai rencontré et j'ai déposé l'argent. »
Seul problème : il n'y a plus de vols directs pour Minsk depuis l'Irak et de nombreux pays ont également interdits ce trajet aux Irakiens. Mais Sheko ne perd pas espoir de trouver d'autres routes possibles. Par exemple, via le Qatar ou l'Égypte.
Reportage auprès des Kurdes irakiens toujours candidats à un départ vers Minsk
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