Égypte: réseaux sociaux en ébullition et malaise des ONG après les révélations de Disclose
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L'enquête du média d'investigation Disclose, accusant l'Égypte d’avoir détourné de leur objectif des informations prodiguées par des services de l'armée française pour combattre le terrorisme à la frontière libyenne, est devenue une tendance sur les réseaux sociaux égyptiens. Du côté des ONG, les rares défenseurs des droits de l’homme sont abasourdis par les révélations qui tombent en cascade depuis dimanche.
Selon Disclose, les autorités égyptiennes auraient utilisé les informations anti-jihadistes pour cibler toute sorte d'objectifs, des contrebandiers aux clandestins. L'information, qualifiée de « scandale d'État », a d'abord été répandue en Égypte par le biais des réseaux, les médias du Caire observant le silence. Quand un pare-feu a été mis en place pour empêcher l’accès au site de Disclose, des internautes ont proposé des liens de contournement.
► À relire : L'armée française a-t-elle aidé l'Égypte à traquer des civils ?
D'autres ont rajouté des informations souvent invérifiables sur les personnes « liquidées » par représailles entre 2016 et 2018, précise notre correspondant au Caire, Alexandre Buccianti
🔴 Torture, exécutions arbitraires, disparitions forcées...
— Disclose (@Disclose_ngo) November 25, 2021
Des notes secrètes obtenues par @Disclose_ngo démontrent que l’Etat français a été informé au jour le jour de la répression en Egypte par ses diplomates.
Révélations. #EgyptPapers https://t.co/uQG0KhVb9y
À cette période, des attentats terroristes avaient fait des dizaines de morts civils et militaires près de la frontière libyenne. Il en avait découlé le hashtag « ils te tueront et diront que tu es terroriste », visant à condamner le pouvoir égyptien.
Mais l'affaire a aussi éclaboussé la France sur les réseaux, où des opposants soulignaient la complicité de Paris avec le pouvoir de Abdel Fattah al-Sissi. De quoi raviver un autre hashtag, « boycott des produits français », qui commençait à s'essouffler plus d’un an après son lancement.
► Réécouter : Détournement de l'aide française par l’Égypte, « l'envers du décor de la coopération »
Malaise des défenseurs des droits de l'homme
Au sein de l'ECRF, l’une des dernières ONG de défense des droits de l’homme en Égypte, on sent un certain malaise suite aux informations révélées par Disclose. La France fait partie de ses principaux soutiens, mais aujourd’hui, son directeur Mohamed Lotfi se sent trahi, confie-t-il au micro de notre correspondant au Caire, Edouard Dropsy.
« En tant qu’allié du peuple égyptien, avant d’être allié du gouvernement égyptien, il faut arrêter ça. Et il faut réviser toute cette situation-là pour ressortir avec une image qui va restaurer l’imaginaire des Égyptiens sur la République française et les valeurs qu’elle représente »
Malgré les relations qui le lient à la France, il exige que toute la lumière soit faite dans cette affaire. « Si nous en Égypte, et nous en tant qu’ONG égyptienne, nous ne voyons pas des mesures concrètes d’enquête interne et aussi j’espère internationale dans ce qui a été révélé, nous allons sentir que la confiance, effectivement, en les institutions françaises va diminuer. »
Depuis dimanche, aucune réaction de la part des autorités françaises, au Caire comme à Paris, n’est venu confirmer ou infirmer ces révélations. Semant ainsi la confusion chez les alliés de la France
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