Israël: un plan visant à doubler le nombre de colons dans le Golan occupé

Le gouvernement israélien a annoncé, ce dimanche 26 décembre par l'intermédiaire d'un communiqué du Premier ministre Naftali Bennett, qu'il avait donné son approbation à un projet visant à doubler le nombre de colons israéliens installés dans le Golan occupé. Cette zone stratégique conquise à la Syrie en 1967 a été annexée en 1981 par Israël.

Le gouvernement israélien réuni autour de Naftali Bennett à Mevo Hama, un kibboutz dans le Golan occupé, pour un Conseil des ministres exceptionnel ce dimanche 26 décembre 2021.
Le gouvernement israélien réuni autour de Naftali Bennett à Mevo Hama, un kibboutz dans le Golan occupé, pour un Conseil des ministres exceptionnel ce dimanche 26 décembre 2021. AP - NIR ELIAS
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C'est une décision unanime et sans précédent, selon le Premier ministre. « Le gouvernement a voté en faveur d'un plan inédit d'investissement dans le Golan afin d'y doubler la population israélienne », explique Naftali Bennett dans un communiqué.

Cette annonce tombait à l'issue d'un Conseil des ministres organisé à titre exceptionnel sur le plateau, conquis à la Syrie lors de la guerre des Six Jours en 1967.

Selon les termes du document, adopté lors de cette réunion hebdomadaire spéciale, quelque 7 300 habitations seront construites à Katzrin, la principale colonie israélienne de cette zone, et dans des colonies de moindre importance.

Le 14 décembre 1981, la Knesset, le Parlement d'Israël, avait ratifié un texte plaçant le Golan sous les lois, la juridiction et l'administration israélienne. Autrement dit l'avait annexé. Cette procédure n'a été reconnue qu'en Israël jusqu'à 2019 (voir encadré).

►À relire : Damas accuse Israël d'avoir assassiné un responsable syrien près du plateau de Golan

Le plateau du Golan est devenu une destination très prisée pour les vacances en Israël. Il abrite des attractions, que les autorités entendent également soutenir pleinement.

Quelque 23 000 personnes pourraient ainsi rejoindre la population du Golan occupé, qui abrite actuellement 27 000 juifs, sur 53 000 habitants au total. Ces personnes vivent aux côtés de 24 000 Druzes, dont la plupart se revendiquent de la Syrie voisine tout en ayant le statut de résidents en Israël, et de quelques milliers d'Alaouites, le groupe ethnoreligieux auquel appartient la famille du président syrien Assad.

Il s'agit bien sûr aussi d'investir dans les infrastructures : systèmes médicaux et éducatifs, mais aussi de renforcer les aides pour les agriculteurs et les industriels.

Le plateau du Golan, un territoire disputé depuis 1967.
Le plateau du Golan, un territoire disputé depuis 1967. RFI

 

La question diplomatique

Techniquement, Israël et la Syrie sont toujours en guerre, au sujet de ce territoire stratégique très riche en eau, qui surplombe la Galilée ainsi que le lac de Tibériade (« mer de Galilée ») côté sous contrôle israélien, et la route vers Damas côté syrien.

Il y a tout juste 40 ans, il a été annexé par le gouvernement israélien et cette annexion avait été considérée comme « nulle et non avenue » par le Conseil de sécurité des Nations unies. Il marque aujourd'hui une zone frontalière entre quatre pays : Israël et la Syrie, mais aussi le Liban et la Jordanie.

Mais l'enjeu est affiché : « Doubler et doubler encore la population du plateau », tel est la volonté du gouvernement. Renforcer les colonies de peuplement sur le Golan, avec de surcroît la construction de deux nouvelles villes, et donc la construction d'encore 4 000 habitations supplémentaires dans le cadre de ce même projet. Un tel projet en Cisjordanie se heurterait immanquablement à une opposition américaine.

But ultime, explique notre correspondant à Jérusalem, Michel Paul : 100 000 habitants en 2030.

L'héritage de Trump au Moyen-Orient

Aux yeux de Naftali Bennett, à la tête d'une vaste coalition très hétéroclite, « il va sans dire que le plateau du Golan est israélien ». « Le besoin de renforcer, de développer et d'habiter cette région nous est commun », plaide-t-il.

Et le Premier ministre israélien de mettre en avant toute « l'importance » qu'a pu avoir « la reconnaissance de M. Trump et le fait que l'administration de Joe Biden ait clarifié qu'il n'y avait pas de changement de cette politique ».

En mars 2019, Donald Trump avait signé un décret reconnaissant officiellement, au nom des États-Unis, la souveraineté d'Israël sur le plateau du Golan, en rupture avec la position observée par Washington depuis des décennies.

En février dernier, l'administration Biden, par l'intermédiaire du secrétaire d'État Antony Blinken, a déclaré que le Golan était « très important pour la sécurité d'Israël », tout en théorisant sur le fait que « les questions de légalité sont d'un autre ordre ».

À l'époque de Donald Trump, Damas avait dénoncé une « atteinte flagrante » à sa souveraineté. Mais en juin 2019, une nouvelle colonie avait été inaugurée sur la partie annexée du plateau, baptisée « Ramat Trump », la « colline Trump » en hébreu.

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