L’intelligence artificielle: priorité à la formation des plus jeunes
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Le Think tank Wathi a mis en ligne récemment un dossier sur l'intelligence artificielle. La réflexion se poursuit cette semaine à l'occasion du lancement de la Cop26 et des enjeux du réchauffement climatique en lien avec l'IA notamment en matière de formation.
Cette semaine était celle du lancement de la COP26 à Glasgow en Écosse, où il fut à nouveau question de mobilisation de la dernière chance pour sauver la planète des effets les plus désastreux des changements climatiques. Qu’il s’agisse de la production énergétique, des transports, de l’agriculture, de l’industrie, de la manière dont les humains produisent les biens et services dont ils ont besoin et ceux dont ils n’ont pas vraiment besoin, tout cela peut être affecté plus ou moins profondément par l’intelligence artificielle au cours des prochaines années et décennies.
Alors bien sûr, il faut se garder de toute confiance excessive et déraisonnable dans la capacité du progrès scientifique à résoudre tous les problèmes auxquels l’humanité est et sera confrontée. Les machines connectées et intelligentes n’empêcheront pas le réchauffement de la planète de se poursuivre mais les applications de l’IA peuvent sans doute jouer un rôle déterminant dans l’adaptation au changement climatique et dans l’atténuation de ses effets.
Et nous savons que l’Afrique est le continent où les enjeux de l’atténuation sont les plus vitaux. C’est une des nombreuses raisons pour lesquelles les pays africains doivent développer dès maintenant des stratégies et des plans d’action cohérents et réalistes pour la recherche dans le domaine de l’intelligence artificielle.
Vous avez invité deux jeunes femmes il y a quelques semaines à une conversation virtuelle de WATHI autour des enjeux de l’IA. Elles appellent les États africains à investir notamment dans la formation des jeunes et dans la sensibilisation des entreprises et du grand public sur l’IA
Oui tout à fait. Nous avons eu le plaisir d’écouter Diyé Dia, titulaire d’un doctorat en Informatique, avec une spécialité en « Machine Learning », l’apprentissage automatique par des algorithmes. Elle a fondé et dirige depuis 2018 une entreprise installée au Sénégal et en Côte d’Ivoire qui propose des services autour de l’IA et des données. L’autre invitée, Minata Sarr Ndiaye, titulaire d’un doctorat en droit privé, est enseignante-chercheure à l’Université Virtuelle du Sénégal et consultante dans un cabinet spécialisé dans le droit du numérique. Elle mène des recherches sur la manière dont le droit peut accompagner les nouvelles technologies et particulièrement sur la régulation des données, un enjeu majeur pour le développement de l’IA.
Impossible de résumer la riche heure d’échanges avec ces deux expertes mais ce qui m’a le plus frappé, c’est leur conviction commune que le continent n’a pas le droit de laisser les développements de l’IA se faire sans que les Africains n’y prennent leur place et sans qu’ils ne soient les porteurs privilégiés d’une vision de l’IA centrée sur l’être humain et ses besoins réels, avec un encadrement éthique et juridique exigeant. Nous avons entendu deux voix féminines jeunes, expertes, engagées, qui tiennent toutes les deux à la transmission de leurs savoirs par l’enseignement.
Dans le cadre de votre initiative, vous avez aussi interrogé un jeune Sénégalais qui insiste sur deux chantiers essentiels en Afrique pour développer l’IA
Il s’appelle Dia Ndiaye, étudie l’intelligence artificielle appliquée au secteur des télécommunications à la réputée École polytechnique de Paris, et a cofondé l’Institut des algorithmes du Sénégal, une plateforme en ligne qui a été créée par des jeunes Sénégalais vivant en France pour permettre aux étudiants africains de s’orienter vers les métiers du numérique.
Pour lui, il ne faut pas attendre l’université pour initier les jeunes aux métiers du numérique. Il faudrait commencer dès le lycée à intégrer des notions de base sur les langages de programmation et les théories statistiques. Le chantier crucial de la modernisation et de la flexibilité des systèmes éducatifs donc.
L’autre défi sur le continent est de développer la connexion entre le monde des entreprises, les centres de recherche et les écoles de formation, un chaînon manquant qui handicape au-delà de l’IA, la transformation des énormes potentialités individuelles des jeunes Africains en un écosystème favorisant l’innovation pour le progrès collectif. On revient toujours, qu’on le veuille ou non, sur l’importance capitale des politiques publiques pour accompagner, renforcer et mettre à l’échelle les initiatives privées.
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