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La faïencerie Henriot et le made in France de François Le Goff

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Le salon du made in France aura lieu, à Paris, du 6 au 9 novembre prochain. Cette 13ᵉ édition du MIF Expo célèbre la fabrication française. Une belle occasion de découvrir un homme qui incarne la tradition bretonne et le savoir-faire français : François Le Goff, propriétaire de la faïencerie Henriot. Nous avons visité cette Faïencerie installée à Quimper depuis un tiers de millénaire avec son bol emblématique breton au prénom du destinataire. 

François Le Goff, directeur et propriétaire de la Faïencerie Henriot à Quimper
François Le Goff, directeur et propriétaire de la Faïencerie Henriot à Quimper © Maria Afonso
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François Le Goff nous raconte comment derrière chaque objet fait main, il y a une histoire, une passion, une tradition. Son parcours témoigne d’un attachement profond à ses racines bretonnes, aux techniques artisanales, et à la transmission de ce savoir-faire aux générations futures. « Tout est fait dans un même bâtiment. Nous n’avons rien d'autre à l'extérieur. Le stockage et la transformation de la matière première pour faire ce que nous fabriquons. Nous façonnons tout. On sèche, cuit, stocke le produit fini et on le vend dans notre magasin d'usine qui est au même endroit », détaille François Le Goff, directeur et propriétaire de la faïencerie Henriot. 

« Les trois grands postes : la terre, les émaux et les pigments de couleur, parce que la terre, nous sommes obligés de l'acheter à l'extérieur parce que nous sommes en plein centre-ville. Historiquement, c'est ici que la faïence a commencé. Les bâtiments extérieurement sont tous un peu différents au niveau de la structure parce qu’ils ont été construits au fur et à mesure. La faïencerie s'est agrandie dans l'enclave du bâtiment, ils ont rajouté des bâtiments successifs et nous avons six bâtiments de styles différents, parce que c'est au fur et à mesure qu'ils aménageaient un bâtiment, plus un bâtiment, plus un bâtiment. », décrit François Le Goff

Né à Paris, mais Breton d’origine, François Le Goff a vécu toute son enfance à Nantes. Cet ingénieur, en 2011, décide de racheter la faïencerie Henriot, alors en liquidation.  « C'est quand même bizarre qu'un fleuron de fabrication française s'arrête, c'était dommage et donc nous avons fait une proposition et nous étions les seuls à proposer de continuer l'activité en France. Nous étions, peut-être, un peu naïfs parce que nous n’étions pas du tout du milieu. Je suis de formation ingénieur en électronique, donc rien à voir avec la faïence, rien à voir avec la technique de la faïence. Mais par contre, à partir du moment où on s'intéresse au fonctionnement et qu'on met les mains dedans, ça reste un procédé de fabrication ancestral. Nous n’avons pas des machines ultra-sophistiquées, nous sommes sur des tours qui ont une cinquantaine ou centaines d'années. Cela reste de la mécanique pure. En réfléchissant pour essayer de comprendre comment à l'époque les gens avaient conçu ces machines-là, on arrive à les entretenir, les réparer et potentiellement améliorer quelques systèmes pour que cela fonctionne aujourd'hui. »

Faïencerie Henriot table des décors
Faïencerie Henriot table des décors © Maria Afonso

La démarche de François Le Goff est motivée par un attachement sentimental, mais aussi par la volonté de préserver un patrimoine régional et national. « Mes parents sont bretons à l'origine, mes grands-parents également. Nous venions en maison de vacances, il y avait du Henriot chez nous parce que, en gros, tout Breton a forcément dans sa maison quelque chose en Henriot. Avant les années 2000, on avait besoin d'une assiette, d'un bol, c'était forcément du Henriot parce qu'il n'y avait pas Internet. On ne faisait pas 50 kilomètres pour aller visiter une fabrique de faïence ou autre chose. Cela a vraiment changé. C’est à partir des années 2000, qu’il y a eu le déclin de la faïence, parce que les gens pouvaient acheter à distance. Ils ont pu se rendre compte qu'il y avait d'autres formes, d'autres choses qui se faisaient, la diversité de l'offre fait que, forcément, les Bretons se sont inspirés et sont allés chercher des pièces ailleurs. Ce qui est logique. Et inversement. Et c'est pour ça qu'on a des commandes qui viennent des États-Unis, d'Australie, de Nouvelle-Zélande, parce que les Français expatriés là-bas veulent ramener un petit bout de leur patrimoine."

Faïencerie Henriot- table de décoration
Faïencerie Henriot- table de décoration © Maria Afonso

La faïencerie Henriot avec ses 335 ans d’existence fait partie des dix plus anciennes entreprises de France, elle a su traverser les siècles en conservant ses méthodes de fabrication. Installée en plein cœur de Quimper, ses ateliers sont remplis d’un savoir-faire notamment dans la maîtrise des formes et la décoration à la main, comme celui de son bol iconique en céramique blanche au motif folklorique et prénom du destinataire. Un souvenir incontournable de la Bretagne. « Le bol, il y en a partout ! Mais, il faut bien différencier le bol qui est 100 % fabriqué à Quimper, à la main, du bol fabriqué à la chaîne à la fois en Chine, au Portugal et même maintenant en France. Il y a des usines qui se sont implantées en France parce que les coûts de transport et la main d'œuvre à l'étranger sont devenus plus cher. C'est très bien qu'il y ait une demande. Le seul souci, c'est que nous, ce qui nous dérange le plus, c'est quand les gens pensent acheter du Henriot, donc du fait main, du personnalisé et faire vraiment tourner l'artisanat local et que finalement, ils achètent un bol qui vient d'une usine où l'humain est très peu présent et au final tout le monde a le même bol. Il y a des gens qui venaient pour acheter un bol en pensant l'acheter 10 € qui finalement l'achètent à 50 parce qu'ils ont compris. Ils voient qu'il y a l'usine qui est à Quimper qui se visite alors que les autres usines ne se visitent pas. Faire des visites, des ateliers, montre bien que tout est fabriqué ici et à la main. Nous leur expliquons qu’au lieu d'en acheter quatre, peut-être en acheter un neutre à utiliser au quotidien, mais il ne sera pas personnalisé parce qu'on préfère en acheter un seul plutôt que quatre ‘touristiques. »

Bols bretons
Bols bretons © Maria Afonso

Fondée il y a plus de trois siècles, à Quimper, en Bretagne, la faïencerie Henriot incarne longévité et résilience, symbole de l’excellence artisanale et de l’identité culturelle de la région. « Dans un monde où on robotise tout et on automatise tout, garder le style ancien et la façon de fabriquer à l'ancienne, c'est ça qui est le plus difficile aujourd'hui et c'est pour cela que nous nous battons. On fabrique aujourd'hui en 2025, comme les gens fabriquaient dans les années 1800, à part le Tour qu'on a automatisé avec un moteur pour qu'il tourne plus facilement, au lieu de pédaler comme ils le faisaient avant. Aujourd'hui, on a un moteur qui le fait, mais c'est la seule chose qu'on ait faite pour simplifier le travail. Sinon, tout est de la mécanique, pure et dure. Le leitmotiv d'Henriot, c'est de tout faire à la main, à la fois la fabrication des formes, c'est-à-dire qu'on est propriétaire de l'ensemble de nos formes, des choses que l'on fabrique, des dessins. Tout appartient à Henriot, donc c'est pour cela que nous sommes capables, 20 ans ou 30 ans après, de continuer à faire les mêmes formes, les mêmes décors, étant donné qu'on a tout cela est en stock. »

Faïencerie Henriot-zone de stockage des formes
Faïencerie Henriot-zone de stockage des formes © Maria Afonso

Aujourd’hui, la faïencerie Henriot compte neuf salariés, mais leur savoir-faire est précieux. La décoration, par exemple, est réalisée par des artisans qui ont plus de 20 ans d’expérience. « Sans décoration, Henriot n'est rien. C'est-à-dire qu'on a des formes, mais les formes, on peut en trouver un peu à droite à gauche. Le procédé d'émaillage, ça se fait habituellement pour des assiettes blanches qu'on peut trouver. Par contre, pour nous aujourd'hui, la force d'Henriot, c'est le décor peint main. Sur les neuf personnes, il y en a cinq qui sont dédiées à la peinture. C'est le poste important d'Henriot et ce sont les personnes qui ont toutes 20 à 25 ans d'ancienneté afin de pouvoir garantir les décors sur 20/30 ans. Et quand on a une demande particulière pour un bateau ou une personnalisation particulière, on ne se pose pas la question de savoir est-ce qu'on va réussir à le faire ? Nous savons qu'avec ces personnes et leur savoir-faire, on sait qu'elles vont être capables de dessiner du premier coup quelque chose de parfait. »

Faïencerie Henriot et son iconique bol breton
Faïencerie Henriot et son iconique bol breton © Maria Afonso

Le plus difficile pour François Le Goff c’est le maintien des outils de production de la faïencerie Henriot. « On utilise des machines de 1960, les fours sont de 1984. Il faut maintenir en état les fours d'époque parce qu'ils avaient une technicité, une forme et un fonctionnement qui étaient très intelligentes, à l’époque, comme les fours navettes. C'est le four qui se déplace au-dessus des pièces avant cuisson. L’avantage, c'est qu'on pouvait déplacer le four, du coup, on était capable de cuire le soir et de charger le lendemain à un autre endroit. À l'époque où il y avait énormément de demandes, cela permettait avec un seul four d'avoir une cuisson tous les soirs parce qu'il fallait normalement laisser un peu de temps pour refroidir. Aujourd'hui, il y a très peu de faïencerie qui aurait l'utilité d'avoir ces fours-là, mais nous, on a du matériel qui nous reste d'une usine qui avait 250 personnes à la décoration et à la fabrication. Nous gardons de vieilles machines qui gardent nos formes et on essaie de les faire fonctionner de la meilleure façon, comme quand elles fonctionnaient il y a cinquante ans. »

Faïencerie Henriot et ses formes
Faïencerie Henriot et ses formes © Maria Afonso

La fabrication d’objets personnalisés ou sur-mesure permet aussi de répondre aux demandes actuelles tout en respectant la tradition, selon François Le Goff. « Nous avons une clientèle fidèle et nous avons créé "une gamme naissance" à la demande de notre clientèle se plaignant de ne pas avoir d'idées de cadeau à chaque naissance. Au final, les gens ne se posent plus la question. Il y a une naissance, ils passent, ils nous appellent à la boutique, ou bien, ils passent commande sur le site internet, ils font livrer directement chez la personne. Nous mettons une petite carte qui indique la personne qui a offert la vaisselle avec le petit message et, au final, c'est quelque chose de personnalisé, un peu comme le bol que les gens vont pouvoir garder tout le temps. »

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