Le chef de l’État est en première page de tous les journaux ce matin après son allocution télévisée d'hier soir.
« Macron accélère », lance La Charente Libre.
« Macron à la relance », insiste La Provence.
« Macron balise l'avenir », renchérit L'Union.
« Les chantiers du monde d'après », pointe Le Courrier Picard.
« Un nouveau chemin », s'exclame Sud-Ouest.
Alors , un « nouveau chemin », certes, « mais lequel ? », s'interroge Le Parisien. « Pour le défi économique qui s’annonce après 'la guerre sanitaire', le locataire de l'Elysée a lancé hier plusieurs pistes, autour du mot 'reconstruction' : relocalisation des entreprises ; création de nouveaux métiers tournés vers l'écologie ; pouvoirs accrus aux collectivités à travers une nouvelle phase de décentralisation qui pourrait prochainement voir le jour ; gestes vis-à-vis des plus démunis, des personnes âgées, sans oublier un 'investissement massif' pour l'instruction, la formation et les emplois de la jeunesse. Brefs, des chantiers tous azimuts aux contours pour le moment très larges, voire assez vagues, constate Le Parisien. Mais qui, promet-il, 'mobiliseront toutes les forces vives de la nation cet été' pour aboutir dans la foulée à des premières décisions concrètes. Peut-être même au cours de sa prochaine allocution, prévue après les élections municipales ? 'C'était un discours de transition pour tourner la page et commencer à se projeter dans l'après', résume un de ses proches. En somme, conclut Le Parisien, Emmanuel Macron a mis les titres... mais il manque encore le texte. »
Un discours de transition
Sud-Ouest est sur la même ligne : « comme pour un discours de vœux, Emmanuel Macron n’a voulu négliger aucun sujet. Ni les attentats à la mémoire nationale, avec cette phrase forte sur la République qui ne déboulonnera pas de statues, ni le déconfinement et l’hommage mérité aux soignants comme à tous les personnels en première ligne, ni l’avenir et ses défis. Certes il y avait des mots qui évoquaient le gaullisme et la Résistance : indépendance, reconstruction… Mais cet appel du 14 juin n’était pas un acte fondateur, pointe Sud-Ouest. Au mieux un discours de transition. »
C'est « comme si l’été nous conduisait, dans l’incertitude un peu joyeuse, un peu angoissée, du déconfinement vers un changement de politique, relève La Provence. L’Acte II du quinquennat serait-il enfin venu, après plusieurs retards à l’allumage ? Emmanuel Macron nous donne rendez-vous en juillet pour concrétiser les mots. S’il ne le fait pas, il sait la tempête sociale qui l’attend. »
Auto-satisfaction
Libération pour sa part retient le satisfecit décerné par le président à... lui-même... « Macron félicite Macron », titre Libération. « Alors que toute la France métropolitaine est désormais en zone verte, le chef de l’État a salué la gestion de la crise par son gouvernement. Il renvoie à juillet le détail de la 'reconstruction économique, écologique et solidaire' qu’il appelle de ses vœux. »
En fait, pointe le journal, « concilier productivisme et écologie, égalité des chances et soutien aux forces de l’ordre, souveraineté et Europe… En cherchant à ne froisser personne, le Président s’est montré plus soucieux d’équilibre que de mesures concrètes dans sa présentation de 'l’après'. »
Libération note aussi le caractère très patriotique de cette allocution... « Relance écologique, sociale, sanitaire, action européenne : rien de surprenant sur ces points dans l’allocution présidentielle, à la fois brève, générale et optimiste, sinon une tonalité avant tout patriotique. Plus que les investissements verts ou les actions de solidarité, c’est le mot indépendance qui est revenu le plus souvent : Macron veut préempter le discours national, de manière à couper l’herbe sous le pied de l’opposition, à droite notamment, qui ne manquera pas d’appeler à une restauration de la souveraineté, dans une concurrence ravivée entre LR et le RN. »
Redémarrer la machine
« Après l’endurance, la relance, s'exclame pour sa part Le Figaro. Le président de la République a donné son feu vert hier soir. Il était temps. Les priorités s’appellent l’emploi, la croissance et la compétitivité. Sur ces fronts, les clés de la réussite ne sont pas les aides massives distribuées par le gouvernement. Celles-ci sont nécessaires pour redémarrer la machine, mais l’État, déjà surendetté et lesté par sa bureaucratie, ne peut pas tout. Le président, naguère jupitérien, a enfin compris qu’il devait jouer collectif, pointe Le Figaro, faire confiance aux élus locaux, aux pouvoirs intermédiaires, aux entrepreneurs, pour vaincre la crise. À lui, à présent, de tenir ses engagements, beaucoup plus déterminants pour le redressement de la France que n’importe quel remaniement. »
Finalement, conclut La Charente Libre, « ce nouveau pic d’audimat en trois mois, un dimanche soir à 20h, entend dessiner ce nouveau chemin qu’il appelle de ses vœux. Est-ce le signe d’une démocratie en bonne santé qu’il faille attendre ainsi le discours du prince pour écrire notre avenir commun ?, s'interroge La Charente Libre. Faut-il qu’il se réinvente ? Il dit qu’il ne doit pas être le seul à le faire. C’est déjà toute la dimension du problème qu’il nous soumettra à nouveau après les municipales du 28 juin et avant la fête du 14 juillet. »
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